#HISTOIRE

Hommage à Martine Durlach

Il y a 2 semaines, le 9 mars 2023

Par Pierre Laurent

Ce 9 mars avec de nombreux élus et citoyens de Paris, avec la famille et les proches de Martine Durlach, nous avons eu l’honneur d’assister à l’inauguration de la place qui désormais portera son nom, dans le 19ème arrondissement de Paris. À cette occasion, j’ai pu prononcer ce discours pour rappeler qui était Martine et quels étaient ses engagements pour Paris et les Parisiens.

GARDONS LE CONTACT

Madame la Maire de Paris, chère Anne Hidalgo,

Monsieur le Maire du 19ème arrondissement, cher François Dagnaud,

Mesdames et Messieurs les Maires-adjoints de la ville,

Cher Bertrand Delanoë,

Chers Jean-François et Gabriel,

 

C’est avec beaucoup d’émotion et une grande fierté que je prends la parole pour honorer la mémoire de Martine Durlach, au nom de la direction nationale du Parti communiste français et des communistes parisiens. Je salue d’ailleurs la présence d’Adrien Tiberti, secrétaire de notre fédération. Fierté de participer avec vous toutes et tous, à inscrire son nom sur cette place, au cœur d’un quartier populaire qu’elle aimait, et qui m’est particulièrement cher.

Permettez-moi pour commencer une petite remarque personnelle. J’ai foulé cette place depuis toujours. Mes parents habitaient au bout de la rue Fessart, tout près des Buttes-Chaumont. J’allais à l’école rue de Palestine, à la maternelle et juste derrière, ma grand-mère habitait rue Olivier-Métra, en face. J’ai donc toujours traversé cette place. J’habite à deux pas d’ici, je continue de le faire tous les jours. Et savoir que cette place, qui m’est si familière va désormais s’appeler Martine Durlach, me remplit de joie.

C’est une juste reconnaissance pour cette femme remarquable, cette militante et cette élue toute sa vie au premier rang des combats progressistes, féministes, démocratiques et sociaux. Je remercie la Mairie de Paris d’avoir très vite, après la disparition de Martine, accepté le principe de cette inscription sur cette place. Et je remercie Jean-François et Gabriel de m’avoir demandé d’y prendre la parole aujourd’hui.

Nous attendions avec impatience cette inauguration. Elle a été un peu reportée, par le Covid ; comme, si je puis dire, un clin d’œil à la maladie d’une manière générale, avec laquelle et contre laquelle Martine a vécu toute sa vie. Mais finalement, le hasard faisant parfois bien les choses, c’est un beau pied-de-nez que d’inaugurer cette place au lendemain de deux énormes mobilisations populaires qui ressemblent tant à ce qui faisait les engagements de Martine.

En ce moment, le pays tout entier dit non à la réforme des retraites, pour que personne ne se voit privé de deux belles années de retraite. Martine n’a pas pu connaître la retraite. Mais elle a connu dans sa chair la valeur du temps, du temps qui manque pour profiter de la vie. Du temps libre, du temps de l’émancipation, elle qui savait si bien transformer tous les temps de la vie militante en moments de joie, de convivialité, de culture, d’humour, de chansons et d’amour.

Et puis nous sommes également au lendemain du 8 mars, en ces temps où le mouvement féministe a pris un nouvel essor, une nouvelle jeunesse. Et tout cela aurait vraiment rempli de bonheur Martine, elle qui n’a jamais désespéré d’un monde meilleur et qui a toujours cultivé sa confiance dans les capacités populaires à ouvrir la voie à une société de justice et d’égalité.

Je vis, comme vous le savez en ce moment, un peu enfermé dans un hémicycle, où je passe quelques jours et quelques nuits – et ce n’est pas fini – pour combattre des ministres et une droite sénatoriale qui, enfermés dans leurs dogmes réactionnaires contre l’immense majorité de notre peuple, tentent de faire reculer nos droits sociaux. Alors, cette inauguration, c’est pour moi en quelque sorte, une petite bouffée d’oxygène. Une bouffée d’oxygène qui nous permet en quelque sorte de respirer l’air de la vraie vie, ce qui manque tant dans l’hémicycle. Celle des souffrances et des espoirs des classes populaires. Et en le faisant, en pensant à Martine et à tous ses combats.

Martine a adhéré au Parti communiste français en 1970, avec cette génération qui, dans la foulée de mai-juin 68, allait faire du Parti communiste une force motrice et majeure des combats unitaires qui conduirait à nouveau la gauche au pouvoir. Une génération communiste qui a su aussi ouvrir la voie à de nouvelles conceptions communistes, plaçant la démocratie au cœur de tout notre projet. Dégageant notre projet de conceptions dépassées, faisant entrer de plain pied le communisme dans le XXIᵉ siècle.

Entrée au comité central en 1987, devenue secrétaire de la Fédération de Paris en 1995 et le restera jusqu’en 2001, succédant dans cette fonction à Henri Malberg, qui a lui aussi une place pas très loin d’ici. Membre du bureau national de notre parti pendant de nombreuses années, elle a joué un rôle essentiel pour ancrer la réflexion et l’action communiste dans les nouveaux enjeux contemporains, et sa mémoire nous est pour cela aussi tellement utile aujourd’hui.

Jeune membre du comité fédéral parisien quand elle en était la première secrétaire, je reste marqué par sa précision, sa créativité, son intelligence des situations politiques, son humanité, sa passion pour le rassemblement, des communistes d’abord, mais des forces progressistes et populaires partout à Paris et dans le pays. Et bien sûr, marqué par sa légendaire bonne humeur, avec laquelle elle conduisait tout son travail politique.

Martine a été une actrice majeure de la reconquête par la gauche parisienne. Après avoir dirigé la section du Parti communiste du quatrième arrondissement, elle est venue habiter dans le 19ᵉ avec Jean-François en 1980. C’est là qu’elle est devenue conseillère d’arrondissement en 1989, conseillère de Paris en 1995. Elle joua alors un rôle de premier plan pour la construction de la bataille unitaire de la gauche pour reconquérir Paris en 2001, avec Bertrand Delanoë.

Dans le 19ᵉ, elle a fait ses armes aux côtés de Paul Laurent, permettez-moi de l’évoquer. Et elle en a pris la relève quand il est décédé, trop tôt, en 1990. Je peux témoigner de la confiance que Paul avait en Martine. Il savait qu’elle serait une grande dirigeant communiste, et il ne s’était pas trompé. Il en était d’autant plus heureux qu’il partageait avec Martine un sens de l’humour aiguisé, et cette devise « qu’un communiste triste, est un bien triste communiste ». Nous savions tous que Martine a lutté toute sa vie contre la maladie génétique qui la rongeait. Mais jamais cela n’entamait sa joie de vivre, c’était même son antidote. Et nous étions tellement reconnaissants de nous faire partager ses éclats de rire permanents.

Martine a consacré sa vie d’élue parisienne à en faire une ville pour tous. Elle a mis autant d’énergie à faire revenir le cinéma au 19ᵉ puisque quand elle est arrivée dans le 19ᵉ, elle a constaté qu’il n’y avait plus un seul cinéma dans cet arrondissement. Tous les cinémas avaient fermé les uns après les autres. Elle a pris la tête d’une bataille mémorable pour le retour du cinéma dans Paris, qui a débouché sur la création des MK2 quai de Seine, et quai de Loire, qui est aujourd’hui un des plus grands lieux du cinéma à Paris.

Mais elle mettait autant d’énergie à faire revenir le cinéma et la culture qu’à se consacrer à la politique de la ville dans les quartiers populaires. D’abord comme maire adjoint à la politique de la ville aux côtés de Bertrand Delanoë de 2001 à 2008, et ensuite à la tête de la mission sur les jeunes filles dans les quartiers populaires que lui avait confié Bertrand Delanoë quand elle a quitté, trop affaiblie, ses mandats. Ce rapport est d’ailleurs d’une incroyable actualité, en ces temps de revendications sociales et féministes. Jean-François nous rappelait hier dans son rapport, par exemple, la recommandation d’une campagne de vaccination des jeunes filles des quartiers populaires contre le papillomavirus. On voit qu’il y a des gens qui découvrent aujourd’hui l’utilité de cette campagne, Martine la recommandait il y a des années déjà.

Je pourrais évidemment parler encore très longtemps de Martine. Au moment de terminer ce propos, je ne peux m’empêcher que trotte dans ma tête la voix de Martine qui aimait tant chanter. Je voudrais dire, pour finir, aux habitant·es du 19e arrondissement, qu’ils ont beaucoup de chance et peuvent être très fiers de cette place Martine-Durlach.

Je vous remercie.

 

 

Seul le prononcé fait foi

Hommage à Sadek Hadjerès

Il y a 1 mois, le 10 février 2023

Par Pierre Laurent

Ce jeudi 9 février à Malakoff, j’ai eu l’honneur de participer à un bel hommage rendu à Sadek Hadjerès, figure historique du communisme algérien, engagé toute sa vie durant contre les oppressions. Sadek, qui a passé les dernières décennies en France, nous a quitté à l’automne dernier. Voici l’intervention prononcée à cette occasion, rappelant en quelques mots qui était Sadek Hadjerès et l’ampleur de ses combats pour un monde plus juste, une Algérie libre, démocratique et en paix.

GARDONS LE CONTACT

Chers camarades et ami·es, de France et d’Algérie,

 

Je suis très honoré d’être présent aujourd’hui à vos côtés, pour rendre hommage à une grande figure du communisme algérien.

Nous avons en effet été très attristés d’apprendre, le 3 novembre dernier, le décès de notre camarade Sadek Hadjerès. Je salue l’initiative de la municipalité, de la maire Jacqueline Belhomme, des communistes de Malakoff, qui ont permis, avec d’autres, la tenue de cette soirée.

Je suis très touché de passer ce moment en compagnie de ma camarade Aliki Papadomichelaki, qui a été la compagne de Sadek et avec qui nous avons pu partager des combats communs en Grèce.

Rendre hommage à Sadek Hadjerès, c’est évoquer un véritable monument de l’histoire politique et sociale, un acteur de premier plan de toutes les luttes qui ont forgé depuis près d’un siècle la nation algérienne.

Né le 13 septembre 1928 à Larbaâ Nath Irathen, en Kabylie, Sadek est fils et petit-fils d’instituteur. Nourri d’une culture kabyle et pacifiste, il est confronté très jeunes aux brutalités coloniales. Après de brillantes études à l’université d’Alger, et parallèlement à un engagement politique et social déjà intense, il est diplômé de médecine en 1953.

Membre du Parti du Peuple Algérien (PPA) dès 1944, il le quitte en raison de désaccords sur la question berbère. Rétif à toute forme de sectarisme et de communautarisme, Sadek s’est toujours opposé à la conception  d’une Algérie réduite à l’identité arabo-musulmane.

Tout comme il s’est courageusement distancé, dès les années 1950, de la conception stalinienne de la nationalité.

Au contraire, Sadek a défendu tout au long de sa vie sa vision d’une future nation algérienne plurielle, ouverte à la diversité, fondée sur la citoyenneté civile et politique.

A la fin de l’année 1950, il adhère au Parti Communiste Algérien, dans lequel il acquiert rapidement des responsabilités. Il côtoie alors des figures telles que Fernand Iveton, Henri Maillot ou Henri Alleg. Membre du Comité Central en 1952, il dirige la revue Progrès qui jouit d’un puissant rayonnement intellectuel.

Après l’insurrection de 1954 et durant la guerre d’indépendance, il est aux côtés de Bachir Hadj-Ali à la direction du PCA. Tous deux approuvent la création de groupes de combat communistes.

Il entre en négociation, dans des conditions difficiles, avec le FLN qui refuse alors de reconnaître la présence des communistes en tant que Parti. Le démantèlement des maquis rouges conduit de nombreux communistes à intégrer l’Armée de Libération Nationale. Lors de la « Bataille d’Alger », Sadek est qualifié de « médecin pyromane » et est condamné par contumace à 20 ans de travaux forcés.

Entré dans la clandestinité après l’interdiction du PCA en 1955, dont il ne sortira qu’au moment de l’indépendance, Sadek déploie une intense activité de propagande (tracts, journaux) mais aussi de nombreux travaux intellectuels. Il fera un examen critique des retards du PCF dans l’engagement national, textes qui seront publiés dans les Cahiers du Communisme en 1958. Tout cela comptera pour faire évoluer l’appréhension des luttes coloniales par le parti communiste français.

Après l’indépendance, le PCA est à nouveau interdit en novembre 1962, mais toléré. Sadek se trouve alors en liberté provisoire.

Après le coup d’État de Boumediene en 1965, Sadek replonge dans la clandestinité pour 24 ans. Il est traqué par la police et l’armée alors qu’il poursuit, sans relâche, ses activités militantes. Après l’arrestation de Bachir Hadj-Ali, il reprend l’organisation clandestine des communistes dans le Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS).

Il sort de la clandestinité en 1989 avec la proclamation du pluralisme politique. Un an après, il quitte son poste de secrétaire du PAGS pour se retirer en France.

Il demeurera jusqu’à la fin de ses jours un observateur attentif de la vie politique algérienne, et a d’ailleurs fortement soutenu dès 2019 le mouvement populaire du Hirak, se réjouissant de son pacifisme.

En juillet 2021, il l’évoquait d’ailleurs en ces termes :

« Dans le monde d’aujourd’hui miné par des risques planétaires communs, un atout important pour les forces de progrès et de paix en Algérie et en France, réside dans l’attachement aux valeurs stratégiques et universalistes portées par le rassemblement pacifique et indépendantiste du Hirak : l’exercice des Droits de l’Homme dans toutes leurs expressions, de l’État de droit appuyé sur la souveraineté populaire et enfin d’un système de relations internationales fondées non sur des critères identitaires, purement idéologiques mais sur un nouvel ordre international régi par la prise en compte des intérêts communs concrets des couches populaires et des États sur les deux rives de la Méditerranée. »

 

Sadek Hadjerès, qui a traversé toutes les tempêtes du siècle dernier, n’a jamais perdu espoir dans le siècle à venir, dans la perspective d’une Algérie libre, démocratique et en paix.

Figure de l’histoire algérienne, Sadek a vu sa lucidité, son courage et son abnégation, sa fidélité à ses convictions saluées par toutes les forces progressistes algériennes.

Nous en faisons de même aujourd’hui, et nous inclinons respectueusement devant sa mémoire.

 

Je vous remercie.

 

 

Seul le prononcé fait foi

Cinquantenaire de la signature des Accords de Paris

Il y a 2 mois, le 20 janvier 2023

Par Pierre Laurent

À l’occasion du Cinquantenaire de la signature des Accords de Paris, j’ai eu l’honneur de prendre part à la cérémonie organisée par l’Ambassade du Vietnam en France. Aux côtés de Son Excellence Toan Thang DINH, j’ai pu y prononcer une allocution comme vice-président du Sénat et président du Conseil national du PCF.

GARDONS LE CONTACT

Votre Excellence Monsieur DINH Toan Thang, Ambassadeur du Vietnam en France,

Votre Excellence Madame LE Thi Hong Van, Ambassadrice du Vietnam auprès de l’UNESCO,

Madame Anne LE HÉNANFF, Députée, présidente du Groupe d’amitié France-Vietnam de l’Assemblée nationale,

Mesdames et Messieurs les élu·es,

Mesdames et Messieurs, chers ami·es du Vietnam,

 

Je souhaite exprimer, comme parlementaire communiste, le bonheur et la fierté que nous avons à célébrer ensemble le 50ème anniversaire de la signature des Accords de paix de Paris.

Permettez-moi tout d’abord de remercier l’Ambassade pour avoir mis sur pied ce riche programme de commémorations et d’événements culturels : les tables-ronde de cette journée, les initiatives tenues le 14 janvier à Verrières-le-Buisson, celles prévues demain à Choisy-le-Roi.

Le Cinquantenaire des Accords de Paris revêt pour la France, pour les communistes français comme pour tous les ami·es du Vietnam, une importance toute particulière. C’est pour nous l’occasion de revenir sur l’histoire de la longue amitié qui lie nos deux peuples, et pour ce qui nous concerne, nos deux partis.

Cette amitié est plus que centenaire. Elle commence en réalité dès la création du Parti communiste français, avec la participation active de celui qui deviendra, quelques décennies plus tard, Président de la République démocratique du Vietnam.

Délégué lors du congrès de Tours, Hô Chi Minh compte parmi les membres fondateurs de notre parti. C’est pour nous une immense fierté. Dès les années 1920, il contribue d’ailleurs activement à engager le jeune parti communiste français dans la solidarité avec les luttes anticoloniales.

Notre amitié historique, fondée sur le refus commun des guerres et des dominations entre les nations, a traversé plus d’une fois l’épreuve du feu.

En 1945 la France, à peine libérée de l’occupant nazi, ne comprend pas le désir d’indépendance qu’expriment alors pour eux-mêmes les peuples d’Indochine. Elle se lance, à contresens de l’histoire nouvelle qui commence à s’écrire dans le monde, dans une féroce offensive militaire en « Indochine française » pour y contrer l’avancée du mouvement de libération nationale, le Việt Minh.

Des dizaines de milliers de jeunes Français sont alors envoyés combattre les peuples vietnamien, laotien et cambodgien, au profit des intérêts de l’impérialisme français. Parmi eux, des milliers de jeunes ont été engagés volontaires dans la Résistance, pour libérer la France et car ils en partageaient les valeurs. Ils ne comprennent donc pas le rôle qu’on veut leur faire jouer en Indochine.

C’est le cas d’Henri MARTIN, jeune marin communiste de 18 ans. Envoyé au Vietnam en 1945, il pense partir lutter contre l’occupant japonais. Confronté aux horreurs des bombardements d’Haïphong, il rentre à Toulon où il distribue des tracts contre la guerre. Cela lui vaut d’être arrêté et condamné à cinq ans de prison. Henri MARTIN devient rapidement le symbole des luttes en soutien aux peuples d’Indochine. Comme lui, des centaines de militants communistes en France seront incarcérés pour avoir dénoncé la « sale guerre d’Indochine ». Parmi eux se trouvait, permettez-moi cette incise personnelle, le jeune communiste Paul LAURENT, qui était mon père.

N’oublions pas que ce conflit causa, entre autres, une famine terrible en 1945 qui fit plus d’un million de morts au Vietnam. Ecrasés à la fois par l’occupant japonais et l’administration coloniale française pétainiste, les paysans vietnamiens virent dès 1943 leurs réserves de riz mises à sac. En respect à la mémoire des victimes, la France s’honorerait d’ailleurs à regarder en face cet épisode de son histoire.

 

Cette guerre coloniale injuste débouchera sur un terrible échec pour la France, avec en 1954 le retrait définitif des troupes françaises après la bataille de Diên Biên Phu. Mais pour le Vietnam, vingt années de confrontations brutales étaient encore à venir, avec ce que le peuple vietnamien nommera « la guerre des dix-mille jours ».

Deux décennies de guerre terrible et de résistance contre l’agression états-unienne. 7 millions de tonnes de bombes déversées sur le territoire vietnamien ; trois fois plus que pour la Seconde guerre mondiale. Des millions de victimes, civiles et militaires…

Des impacts humains, environnementaux, sanitaires encore aujourd’hui, avec les effets dévastateurs de l’agent orange.

Nous saluons le combat exemplaire du peuple vietnamien pour obtenir justice et réparation. Nous soutenons le combat de Mme Tran To Nga, qui en 2014 a assigné en justice les multinationales agrochimiques qui ont fourni l’agent orange à l’armée américaine. Nous regrettons profondément la décision tribunal de grande instance d’Évry, considérant le 10 mai 2021 la demande comme irrecevable. Avec son comité de soutien, Mme Tran To Nga fait appel de ce jugement. Nous allons poursuivre ensemble la mobilisation, pour obtenir enfin justice pour toutes les victimes de l’agent orange ! Cela serait ô combien utile pour toutes les victimes des guerres, malheureusement aujourd’hui trop nombreuses sur tous les continents.

 

Les vingt ans de cette guerre effroyable, nous en commémorons aujourd’hui la fin, avec les Accords de paix de Paris, signés le 27 janvier 1973. Ces accords ne seront pas synonymes de fin immédiate des affrontements au Vietnam. Mais en actant le retrait définitif des troupes américaines, ils ouvrirent enfin la voie à la conquête pleine et entière de l’indépendance et de la souveraineté du peuple vietnamien.

Ces Accords furent le fruit, ne l’oublions pas, d’un lent et difficile travail de négociation, mené en secret dès 1968, au plus fort de la guerre. Des trésors de diplomatie sont déployés, au cours des cinq années d’intenses négociations qui suivirent entre représentants états-uniens et vietnamiens réunis à Paris.

 

Dès l’arrivée de la délégation vietnamienne, les communistes français travaillent d’arrache-pied pour l’accueillir du mieux possible dans notre pays. La délégation est logée à quelques kilomètres de la capitale, à Choisy-le-Roi, dans un petit pavillon qui abritait jusqu’alors l’école des cadres du PCF.

Peu à peu, la vie quotidienne s’organise. Avec l’appui de la municipalité communiste conduite par Fernand DUPUY, de la section communiste de la ville et de nombreux communistes du Val-de-Marne, tout est mis en place, de la sécurité aux transports, en passant par l’hébergement et la restauration.

En arrivant en France, la délégation vietnamienne était alors loin de s’imaginer rester aussi longtemps ! Car les représentants du Vietnam participent alors à ce qui restera comme les plus longues négociations de paix dans l’histoire de la diplomatie mondiale : un travail titanesque pour aboutir enfin à la paix et à l’intégrité du Vietnam.

Tout au long de ces cinq années des liens humains forts se nouent entre communistes français et vietnamiens. Ils perdurent jusqu’à aujourd’hui.

J’ai une pensée pour mon ami Jean-Charles NÈGRE, décédé pendant la pandémie de Covid-19, que vous avez honoré il y a quelques mois au titre de cette amitié indéfectible.

J’en profite aussi pour saluer ma camarade Hélène LUC, sénatrice honoraire et conseillère départementale honoraire de Choisy-le-Roi. Hélène n’a pu se joindre à nous ce soir car justement elle se trouve jusqu’à demain au Vietnam, après une semaine en délégation dans le cadre des célébrations du Cinquantenaire.

Son déplacement fait suite à celui d’Éliane ASSASSI, présidente du groupe des sénatrices et sénateurs communistes, qui s’est rendue au Vietnam en décembre dernier, dans le cadre d’une délégation officielle conduite par le président du Sénat français.

 

Cette amitié franco-vietnamienne est précieuse, tant les défis à relever sont nombreux. Nous vivons en 2023 dans un monde instable, un monde à bien des égards plus dangereux.

Soyons fidèles à notre manière à la sage devise du président Hồ Chí Minh « Faire face aux contingences par des principes durables« , en restant pleinement attachés aux principes fondamentaux du droit international.

Face à la multiplication des crises, la défense de la paix doit rester notre boussole commune. Les préoccupations sécuritaires de tous les membres de la communauté internationale doivent être entendues et respectées. Le respect des frontières, de l’intégrité des États et du non-recours à la force pour résoudre les différends entre les nations doivent être réaffirmés. Les logiques d’escalade militaire, aujourd’hui à l’œuvre dans de trop nombreuses régions du monde, doivent se voir substituées au plus vite au profit de logiques de développement, de coopération, de mise en commun face aux grands dérèglements qui mettent en danger notre commune humanité.

En ce sens, les communistes français, tout comme d’ailleurs les parlementaires français, réaffirment leur fort attachement au respect de la souveraineté du Vietnam, de son intégrité territoriale terrestre et maritime, notamment dans la mer orientale où le Vietnam entend légitimement continuer à exercer souverainement ses activités économiques.

 

Nous affirmons aussi que la France doit s’adapter à la nouvelle donne mondiale, et mieux entendre les aspirations de nombreux peuples à plus de réciprocité dans les relations internationales. Il en va de l’intérêt de notre pays d’adapter sa politique en ce sens, de renforcer ses partenariats et de définir des coopérations mutuellement avantageuses.

C’est pourquoi le Vietnam est plus que jamais un partenaire incontournable de la France pour faire face aux nouveaux défis mondiaux, tout comme aux enjeux de paix et de sécurité dans la zone indopacifique, pour construire ensemble la sécurité humaine globale dont notre planète a besoin. C’est, cela aussi, l’héritage des Accords de Paris que nous célébrons aujourd’hui.

Vive la paix entre les peuples,

Vive l’amitié franco-vietnamienne !

 

Seul le prononcé fait foi

L’urgence du désarmement

Il y a 1 an, le 28 octobre 2021

Par Pierre Laurent

Nous sommes au cœur de la semaine internationale pour le désarmement, du 24 au 30 octobre, mais qui le sait ? Le silence politique et médiatique de nos dirigeant·e·s est total, alors même que les urgences du désarmement sont si nécessaires pour stopper l’escalade de surarmement international, qui a repris depuis plus de dix ans.

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Les enjeux sont pourtant fondamentaux pour la sécurité humaine et collective, pour la préservation de la biodiversité, pour la prohibition programmée et multilatérale des armes de destruction massives et de tous les commerces d’armes contraires au respect du droit international.

Un exemple d’actualité illustre parfaitement les dangers nouveaux qui menacent et qui devraient conduire à considérer avec priorité l’urgence de la désescalade mondiale. L’annonce de la rupture du contrat de vente de sous-marins par la France à l’Australie au profit d’un accord stratégique avec les Etats-Unis, assorti d’un contrat de livraison de sous-marins à propulsion nucléaire a une toile de fond : une folle course aux armements dans la région indo-pacifique.

La France, qui pensait avec l’accord de vente de sous-marins militaires à l’Australie prendre sa part dans la stratégie occidentale de militarisation de la région face à la Chine, vient de se faire sèchement écarter du jeu par son allié américain.

Les Etats-Unis ont scellé un accord stratégique rassemblant américains, britanniques et australiens baptisé AUKUS, qui franchit un pas supplémentaire dans la systématisation de la tension avec la Chine. L’Australie se voit promettre l’acquisition de 8 sous-marins nucléaires américains. Elle vient également de signer un accord portant sur 12 hélicoptères d’attaque et un avion de guerre fourni par les Etats-Unis.

Fait nouveau et gravissime, les sous-marins promis seraient dotés de propulsion nucléaire, ce qui suppose de faire entrer l’Australie dans le club fermé des puissances disposant de capacités militaires nucléaires.

La création de cette nouvelle alliance occidentale dans l’Indo-Pacifique témoigne de l’agressivité redoublée des Etats-Unis dans la course à la militarisation du monde, pour laquelle elle pousse déjà les feux au sein de l’OTAN. La menace chinoise est sans cesse brandie pour justifier cette escalade. Mais il faut remettre les pendules à l’heure.

En 2020, selon une étude du Stockholm International Peace Research Institute, les dépenses militaires des Etats-Unis auraient atteint près de 778 milliards de dollars contre 252 milliards pour la Chine. Tandis que les Américains détiennent 6 185 ogives nucléaires, les Chinois n’en disposeraient que de 290. La Chine dispose de 2, bientôt 3 porte-avions alors que les Etats Unis en possèdent 11.

Ce qui inquiète les Etats-Unis n’est donc en rien le déséquilibre militaire, mais bien le risque de perdre son leadership économique et de voir mise en cause son hégémonie politique, déjà largement en déclin. En redoublant d’agressivité au plan militaire, et en entraînant ses alliés dans cette relance de la course aux armements, c’est d’abord et avant tout cette hégémonie politique et économique qu’elle entend défendre.

Mais elle le fait une fois de plus en faisant courir des risques insensés à la sécurité de la planète, à la sécurité humaine collective. La France n’a aucun intérêt à emboîter le pas de cette stratégie. Elle devrait au contraire prendre la tête d’une urgente relance d’initiatives internationales faveur d’un désarmement multilatéral mondial.

Le volet nucléaire du contrat passé par les Etats-Unis avec l’Australie est particulièrement inquiétant. Qu’il aboutisse ou pas (car il faudrait de longues années avant que l’Australie puisse maîtriser de telles technologies), il est politiquement lourd de conséquences. Les Etats-Unis ouvrent officiellement la possibilité d’utiliser à des fins militaires une technologie avec de l’uranium enrichi.

Si tel était le cas, ce serait la première fois qu’un Etat ne possédant pas l’arme nucléaire puisse malgré tout acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire. Jusqu’alors, aucun des cinq Etats officiellement dotés de l’arme atomique, signataires du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 1968 et disposant de la technologie de propulsion nucléaire navale, n’avait transféré une telle technologie à un Etat ne disposant pas de l’arme atomique.

Un tel précédent serait alarmant en matière de prolifération nucléaire, puisque des pays comme le Canada, la Corée du Sud ou encore même l’Iran, qui envisageaient déjà de se doter de sous-marins à propulsion nucléaire, pourraient dorénavant s’engouffrer sans crainte de sanctions dans ce dangereux vide juridique. A cette problématique, s’ajoute celui du risque d’une utilisation fallacieuse des programmes de propulsion nucléaire navale pouvant servir d’une couverture afin de mener des programmes de recherche d’armes nucléaires.

Ni la France, ni l’Europe ne doivent s’aligner et contribuer à l’instauration progressive dans l’Indo-Pacifique d’une telle zone de confrontation directe. Ce climat de guerre froide, où la perspective de conflit de haute intensité est dès lors ouvertement envisagée, fait peser de lourdes menaces sur la sécurité du monde, déjà bien mal en point.

Dans ce contexte – et on pourrait parler de bien d’autres alarmes en cours comme la militarisation accélérée de l’espace qui va de pair aux Etats-Unis avec sa marchandisation et sa privatisation sous pilotage des milliardaires des GAFAM – la relance de batailles mondiales pour le désarmement est un urgence. Au cœur de ces urgences, la lutte contre la prolifération doit se conjuguer à la bataille pour la ratification par la France du Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entré en vigueur le 22 janvier 2021, afin d’ouvrir la voie à la relance de véritables négociations de désarmement multilatéral.

La stratégie de la dissuasion réside dans le « coup de bluff » fonctionnant dans un double sens : rien ne nous sera fait, et nous pensons que nous ne serons jamais obligés de faire quoi que ce soit. Dans le monde d’aujourd’hui, où les instabilités se multiplient, où des acteurs intermédiaires surarmés se multiplient eux aussi, il faut réinterroger cet équilibre de la terreur.

Les signaux d’alerte sont nombreux : le retrait des Etats Unis en 2019 du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF), le transfert technologique à l’Australie envisagé au nom d’une prétendue expansion belliqueuse chinoise, les vives tensions entre les deux Etats nucléaires d’Asie du Sud, Pakistan et Inde, les guerres et conflits régionaux meurtriers (7 000 morts dans le conflit Arménie-Azerbaïdjan), les escalades nationalistes…

Chercher dans ce monde-là la sécurité dans l’équilibre de la terreur, est-ce bien raisonnable ? Est-ce supportable quand les urgences sociales et celles du changement climatique frappent aussi fortement à la porte ? Selon l’ONU, en 2017 les dépenses militaires mondiales ont dépassé les 1 700 milliards de dollars soit près de 80 fois le montant nécessaire pour l’aide humanitaire.

C’est le désarmement mutuel qui apparaît plus que jamais comme la seule solution apte à garantir la sécurité collective des peuples. Le désarmement suppose la coopération entre les Etats. Et c’est tant mieux, car la coopération entre les peuples et les nations apparaît seule capable de répondre aux extraordinaires défis de notre temps. C’est la voie la plus lucide et la plus juste : le temps du commun est venu.

Il est temps que la France retrouve une voix indépendante pour avancer sur cette voie nouvelle, celle qui hier lui faisait reconnaître la République Populaire de Chine en 1964 ou quitter le commandement intégré de l’OTAN en 1966. C’est cette diplomatie audacieuse, non alignée, humaine, écologique et coopérative que le Parti Communiste Français entend porter lors des élections présidentielle et législatives de 2022.

Face à ceux qui dressent des murs, construisons des ponts !

Il y a 2 ans, le 11 juin 2021

Par Pierre Laurent

Samedi 12 juin, nous devons nous mobiliser et participer nombreuses et nombreux au rassemblement pour la défense des libertés et contre les idées d’extrême droite.

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Nous ne pouvons pas, nous ne devons plus regarder ailleurs.

La libération de la haine et de la violence sur les réseaux sociaux, dans les médias et les discours polititiques, l’accumulation des lois liberticides et les discours contre la justice et les droits fondamentaux qui les accompagnent, tout s’additionne pour alimenter la crise démocratique.

Nous avons franchi la côte d’alerte et les forces d’extrême droite et de droite extrême s’engouffrent dans ce climat par ce qu’elles croient désormais possible leur accession au pouvoir, à l’image des Trump, Bolsonaro, Orban et consorts.

C’est l’installation au premier plan de la vie politique de partis ouvertement racistes et xénophobes, et des coalitions nouvelles entre forces de droite et d’extrême-droite.

Ceux qui jouent depuis trop longtemps avec la dédiabolisation du Rassemblement national portent une lourde responsabilité. Emmanuel Macron joue un jeu dangereux.

L’absence d’alternative d’espoir à gauche contribue aussi beaucoup à ce climat délétère. Toutes les formations de gauche sont interpellées.

Nous ne pouvons laisser s’installer ainsi les discriminations sociales, racistes, structurelles dans le travail, le salaire ou l’accès au logement, le traitement indigne des migrants… les signaux d’alerte sont trop nombreux.

Le chaos du monde actuel est propice à la montée de toutes les peurs, de tous les replis, de tous les racismes. La mondialisation capitaliste en crise porte en elle l’exploitation et la mise en concurrence sans fin des peuples et des dominés, comme la nuée porte l’orage.

Communistes, nous avons de tous temps été aux côtés des plus faibles, des opprimés, des 99 %. Nous avons pris notre part dans l’Histoire à chaque fois que cela a été nécessaire pour rendre leur liberté à ceux qui en étaient dépossédés, pour faire front toujours face à l’obscurantisme. Les années sombres ne doivent pas revenir, d’autant que l’avènement d’un monde meilleur fait d’égalité et de justice n’a jamais été aussi nécessaire.

Ce combat, ces valeurs, il nous appartient de les porter encore haut et fort aujourd’hui, en travaillant à la construction de fronts unitaires les plus larges possibles pour une nouvelle République sociale, pour une nouvelle humanité de solidarité.

Face à tous ceux qui veulent diviser ou séparer, construisons du commun.

Face à ceux qui dressent des murs, construisons des ponts.

Affirmons haut et fort notre désir d’une égalité réelle et d’un universalisme qui reconnaisse pleinement la pluralité et la diversité des individualités, des cultures, de notre pays et du monde.

Le 12 juin, nous avons l’obligation de commencer à lever un rempart, une barricade face aux partis des sinistres qui pensent avoir carte blanche pour diffuser leurs idées nauséabondes.
Soyons nombreux !

Abolition de l’esclavage – Toutes tes paroles ont sonné au plus profond de moi

Il y a 2 ans, le 17 mai 2021

Par Pierre Laurent

Slam de Teamanui
Lauréat du Collège Arue -Académie Polynésie française
Concours de la Flamme de l’Égalité

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Portés par le vent de l’espoir

C’est un combat de sueur et de sang
D’aléas qui viennent et qui vont
Une danse sans fin mêlée de guenilles, de cris et de chagrins
De pleurs, de douleurs et d’espoirs vains.
Une danse où chaque faux pas est une brûlure
Chaque faux geste est une morsure
Où chaque parole est un poison
Et chaque accord un hurlement.
Tu es un oiseau à qui on aurait mis du plomb dans l’aile
Qui n’arrive pas à démêler le faux du réel
Entre tous les mensonges il y a de quoi être perdu
A présent les portes sont fermées
Il n’y a plus d’issues.

C’est un travail de jours et de nuit
Sans aucun droit sans aucun salaire sans habits
Et encore moins de lit
Mais ta misère va plus loin que ces simples vers
Car ton fardeau est aussi lourd
Que les chaînes à tes pieds
Des pieds à la tête, épié par des vautours
Au pied de ce mur que tu ne dois pas dépasser.

Ton corps noir n’est que cicatrices blanches
Et ta vie n’est qu’obstacles et branches
Tu ne peux pas fuir ton destin
Et aller contre le courant ne sert à rien.

Tu peux te déchainer, tu resteras enchaîné
Tu peux courir courir courir
Autant que tu veux
Autant que tu peux
Les rayons du soleil te rattaperont
Et tu peux courir courir plus vite que le vent
Les inarrêtables aiguilles  du temps
Continueront à tourner à chaque instant.

Car ta liberté est une porte
Dont tu n’as pas les clés
Un repas sous tes yeux qu’on y apporte
Mais tu ne peux pas l’attraper

Ton lourd silence vaut mille preuves
Et mille paroles pour exprimer ta peine
Tout ce que tu as traversé, toutes les épreuves
Sont gravées en toi et coulent dans tes veines.

Il y a ceux d’avant 1804
Et ceux d’après 1804
Mais aujourd’hui comme hier
Contre ton coeur frappe la misère

Ce n’était pas de ta faute, tu n’y étais pour rien
Tu avais un coeur, des poumons, des mains
Mais on t’a tout pris, même tes filles jusqu’à la dernière
Tu n’avais rien demandé, tu correspondais juste aux critères

Si l’on nous a donné des mains
Pourquoi nous en servir pour nous entretuer sans fin ?
Personne ne méritait tous ces châtiments
Mai eux ont décidé autrement.

Tout ce que tu m’as dit, tout ce que tu m’as raconté
Avec les yeux si pâles que tu avais
Toutes tes paroles ont sonné au plus profond de moi
Et ta souffrance m’a coupé la voix.

Malgré ça, jamais je n’oublierai ton histoire
Car chacune de tes paroles est gravée dans ma mémoire
De tes rêves à des mirages illusoires
Portés par le vent de l’espoir.

Teamanui

Tribune des généaux dans un hebdomadaire de presse – Une prise de position séditieuse qui ne peut rester sans réponse judiciaire

Il y a 2 ans, le 27 avril 2021

Par Pierre Laurent

La tribune séditieuse de certains généraux français dans un hebdomadaire de presse d’extrême droite est dangereuse et ne peut rester sans réponse politique, disciplinaire et judiciaire.
J’ai interpellé le Premier Ministre à ce sujet sous forme de question écrite.

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J’ai attiré l’attention de M. le Premier ministre sur une tribune de 20 généraux français à la retraite parue dans un hebdomadaire le 21 avril 2021.

La date du 21 avril n’a pas été choisie au hasard par les auteurs. En effet c’est le 21 avril 1961 qu’a eu lieu le putsch de généraux d’extrême droite, appelé également appelé putsch d’Alger, qui constitue une tentative de coup d’État, fomentée par une partie des militaires de carrière de l’armée française en Algérie, et conduite par quatre généraux cinq étoiles.

Cette tribune contient des propos très graves qui ne peuvent rester sans réaction. Elle constitue une action séditieuse d’une grande dangerosité du fait même qu’elle émane de militaires de haut rang même s’ils sont à la retraite.

Le Gouvernement doit réagir.

Je lui ai demandé quelles mesures le Gouvernement compte prendre face à cette tribune.
Je lui ai demandé s’il compte, en concertation avec le Président de la République et le garde des sceaux, saisir la justice à son sujet.

Ambroise Croizat mérite d’entrer au Panthéon

Il y a 2 ans, le 28 janvier 2021

Par Pierre Laurent

Il y a cent vingt ans ans, le 28 janvier 1901, naissait Ambroise Croizat. La France lui doit l’une de ses plus belles créations collectives : la Sécurité sociale.

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À l’initiative du journal l’Humanité, Éliane Assassi, présidente du groupe CRCE au Sénat, Yves Audvard, président de l’Association Ambroise-Croizat, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, Pierre Caillaud-Croizat, petit-fils d’Ambroise Croizat, André Chassaigne, président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, Michel Étiévent, écrivain et biographe de Croizat, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, Bernard Friot, sociologue et économiste, Bernard Lamirand, président du comité d’honneur Ambroise Croizat, Pierre Laurent, sénateur et président du Conseil national du PCF, Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice GRS, ancienne ministre, Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, Jean-Luc Mélenchon, président du groupe FI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, vice-présidente du groupe FI à l’Assemblée nationale, Gilles Perret, réalisateur du film la Sociale, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Frédéric Sanchez, secrétaire général de la CGT métallurgie, Simon Duteil, codélégué général de Solidairesinterpellent le président de a République afin que le bâtisseur de la Sécurité sociale et ministre du Travail à la Libération, Ambroise Croizat, entre au Panthéon.

Il y a cent vingt ans ans, le 28 janvier 1901, naissait Ambroise Croizat. La France lui doit l’une de ses plus belles créations collectives : la Sécurité sociale. Il en fut la cheville ouvrière et le principal bâtisseur, en tant que ministre du Travail au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans le respect du programme du Conseil national de la Résistance. ­Depuis lors, des générations de citoyens ont eu la chance de bénéficier d’une ­couverture sociale ­exceptionnelle. Il faut bien mesurer l’œuvre ­civilisatrice d’Ambroise Croizat pour ce qu’elle est : une étape fondamentale, révo­lu­tionnaire, dans la ­recherche d’une vie meilleure qui a toujours animé l’humanité.

L’objectif d’Ambroise Croizat était de briser l’angoisse du lendemain, de la maladie ou de l’accident de travail. Sa volonté, sa vision étaient de ne plus faire de la retraite l’antichambre de la mort, mais bien une nouvelle étape de la vie. Notre pays doit à ce militant communiste la générali­sation des retraites, les comités d’entreprise, la médecine du travail, la reconnaissance des maladies professionnelles, la prime prénatale… En tant que député du Front populaire, dès 1936, il avait déjà pris une part considérable dans l’instauration des congés payés, des conventions ­collectives et de la ­semaine de quarante heures.

Tous les Français, aujourd’hui, bénéficient d’une carte vitale, sésame qui leur permet si souvent d’être soignés selon leurs besoins, sans distinction de leurs moyens, grâce à la socialisation des richesses créées. Certes, de nombreux coups ont été assénés à la Sécurité sociale et au Code du travail depuis que Croizat n’est plus. Certes, la Sécurité sociale est avant tout une œuvre collective, comme Croizat, syndicaliste à la CGT, le rappelait.

Mais qui peut dire que cet homme d’État n’a pas joué le premier rôle, en tant que ministre, pour apporter à la France l’une de ses plus belles réformes ? Qui peut dire que cette réalisation ne constitue pas un pilier indispensable à notre République sociale ?

La Sécurité sociale fait partie du patrimoine vivant de tous les Français. Un patrimoine qui n’est ni à muséifier ni à vernir, mais à entretenir et développer toujours plus, dans le respect de sa philosophie initiale, en tant que bien commun, comme le montre la crise du Covid-19.

Le XIXe siècle aura été marqué dans notre pays par l’accès de tous à l’éducation.

Le XXe retiendra à n’en pas douter, avec le recul, la fondation du système de santé publique créée par Croizat comme l’une de ses plus grandes conquêtes.

Tous s’en réclament aujourd’hui, même si tous n’en sont pas dignes.

Reste qu’Ambroise Croizat est définitivement digne du Panthéon, qui s’honorerait à l’accueillir, avec son épouse Denise, comme le souhaite sa famille.

 

27 janvier – Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

Classement en monument historique de la basilique du Sacré-Coeur – Une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays

Il y a 2 ans, le 16 octobre 2020

Par Pierre Laurent

  J’ai attiré l’attention de Mme Bachelot, ministre de la culture sur le classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur à Paris en 2021. Une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Elle souhaitait […]

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J’ai attiré l’attention de Mme Bachelot, ministre de la culture sur le classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur à Paris en 2021.

Une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Elle souhaitait notamment que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ainsi que soient réhabilitées les victimes de la répression de la Commune de Paris.

Le classement comme monument historique du Sacré Cœur, symbole s’il en est de cette répression et du retour au pouvoir des forces les plus réactionnaires, ne peut qu’être perçu comme contradictoire avec cette logique.

Il apparaît aux yeux de beaucoup comme une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays.

C’est pourquoi, je lui ai demandé ce qu’elle compte faire en vue d’une annulation de cette mesure.
Je lui ai demandé également d’agir pour qu’une station du métro parisien soit nommée « Commune de Paris-1871 ».