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Mon entretien dans le journal allemand Junge Welt

Il y a 8 mois, le 27 mars 2023

Par Pierre Laurent

Il y a quelques jours, j’ai pu m’entretenir avec Junge Welt, journal de la gauche allemande, au sujet des mobilisations contre la réforme des retraites en France !

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La réforme des retraites de Macron

« C’est plus qu’une grave crise sociale »

En France, les manifestations nationales contre le relèvement de l’âge de la retraite se poursuivent. Les communistes veulent un référendum. Un entretien avec Pierre Laurent, par Martin Dolzer.

 

En ce moment, les Français manifestent quotidiennement contre la réforme des retraites du gouvernement Macron. Quelle est l’ampleur des protestations ? 

C’est du jamais vu. La défense du droit à la retraite, un des piliers du système social en France, a toujours provoqué d’énormes manifestations à chaque fois qu’il a été attaqué. Mais cette fois, c’est exceptionnel. L’intégralité des syndicats est à la tête du mouvement. Dans les enquêtes d’opinion, deux tiers des Français et 90% des salariés demandent le retrait du texte gouvernemental, qui a été imposé au Parlement par une procédure appelée l’article 49-3, dont nous demandons depuis longtemps l’abrogation. La colère est très forte. Des millions de Français continuent à manifester. Les grèves s’étendent. Nous ne sommes pas seulement face à une grave crise sociale. C’est désormais une crise politique et démocratique.

 

Les gens ressentent le relèvement de l’âge de la retraite comme une attaque contre leur sécurité sociale. L’opposition à la politique antisociale de Macron en général est-elle également à l’origine des protestations massives ?

La protestation pour refuser le recul de deux ans de l’âge de départ à la retraite cristallise un mécontentement social plus profond. De nombreuses grèves sur les salaires et pour la défense du pouvoir d’achat ont lieu depuis septembre. Les pénuries d’effectifs s’aggravent dans tous les services publics, à commencer par l’hôpital et l’école. Il y a beaucoup de souffrance au travail. Depuis la pandémie, les gens s’interrogent sur le sens et les conditions de leur travail. Travailler plus longtemps alors qu’il y a tant de précarité et de chômage, et surtout tant de superprofits accumulés par les grands groupes, plus personne ne l’accepte.

 

Comment le gouvernement réagit-il aux protestations ?

Par le passage en force. Le gouvernement a usé de toutes les procédures réglementaires à sa disposition pour imposer son texte au Parlement. Car en France, la Constitution permet l’adoption d’un texte sans vote du Parlement grâce à un article 49-3. Dans une telle situation de rejet du texte par le pays, c’est vécu comme une provocation inacceptable. Cela a décuplé la colère populaire. Le gouvernement tente aussi maintenant de réprimer les manifestants. Mais pour le moment rien n’entame l’opposition qui reste ultra-majoritaire.

 

Une motion de censure contre le Premier ministre a échoué de peu. Qu’est-ce que cela signifie pour la stabilité du gouvernement ?

Oui, elle a échoué à neuf voix près. Une partie de la droite a sauvé in extremis la tête du gouvernement. Mais la crise politique est désormais patente. Emmanuel Macron n’a été réélu que parce qu’il était face à Marine Le Pen dont la majorité des Français ne veut pas. Mais il n’a pas obtenu de majorité à l’Assemblée nationale lors des élections législatives. Il pensait pouvoir s’appuyer sur la droite pour trouver des majorités. Mais même cela ne tient plus qu’à un fil tellement le rejet populaire est fort. La situation est maintenant durablement instable. Marine Le Pen cherche à être en embuscade. La gauche a une grande responsabilité pour proposer une alternative de gouvernement et conquérir une majorité législative si jamais il y a une dissolution du Parlement. Les communistes y travaillent activement. Sans attendre, nous voulons engager une campagne pour soumettre la réforme des retraites à un référendum d’initiative citoyenne.

 

En Allemagne, l’ampleur des protestations est à peine évoquée. La gauche sociale ne se met pas non plus en mouvement. Quelles différences voyez-vous entre la situation en France et en Allemagne ?

L’histoire des luttes en Europe nous enseigne que la convergence ou la simultanéité des mobilisations n’est jamais aussi simple. Comme je viens de le dire, il y a aussi une crise de légitimité du pouvoir d’Emmanuel Macron qui joue son rôle dans la situation française. Je crois toutefois que la dégradation de la situation sociale et économique va soulever dans les mois qui viennent des problèmes communs aux travailleurs de toute l’Europe. La perspective des élections européennes en 2024 devrait inciter les forces de gauche, les forces syndicales et sociales en Europe à travailler dès maintenant ensemble à des objectifs de lutte communs.

 

Une interview à retrouver en allemand sur le site de Junge Welt : https://www.jungewelt.de/artikel/447503.macrons-rentenreform-es-ist-mehr-als-nur-eine-schwere-soziale-krise.html

Sofosbuvir : Déclencher une licence d’office sur ce médicament et d’autres

Il y a 12 mois, le 6 décembre 2022

Par Pierre Laurent

La licence d’office sur le Sofosbuvir et sur d’autres médicaments doit être déclenchée. L’inacceptable rationnement et tri des patients doit prendre fin. J’ai interpellé par question écrite le ministre de la santé à ce sujet.

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M. Pierre Laurent attire l’attention de M. le Ministre de la Santé et de la Prévention sur le Sofosbuvir.

Ce premier médicament contre l’hépatite C sans interféron, avec très peu d’effets indésirables, commercialisé en France par l’entreprise américaine Gilead sous le nom de Sovaldi®, a marqué un moment de rupture dans le modèle de fixation des prix des médicaments innovants dans notre pays. Pour la première fois dans l’histoire de l’Assurance Maladie, le prix de vente d’un médicament (56 000 euros dès 2013, puis 41 000 euros à partir de 2014) conduisait à un rationnement et à un tri des patients.

Avant l’élargissement de l’accès en 2017, et contre toute recommandation fondée sur des critères médicaux cherchant à contenir l’épidémie, le Sofosbuvir n’était remboursé par la Sécurité sociale qu’aux malades de l’hépatite C les plus gravement atteints. Étaient ainsi exclues les personnes infectées chroniquement à un stade moins avancé. Les prix exorbitants imposés par cette firme pour ce médicament ont notamment fait l’objet d’une enquête menée par le Sénat américain en 2015. En 2017, suite à l’affaire Sovaldi, la Cour des comptes a elle aussi critiqué la stratégie de fixation des prix par les industriels pharmaceutiques jugeant « dommageable » que l’Assurance Maladie, dont le déficit reste considérable, soit ainsi mise à contribution pour financer une « politique industrielle ».

À la suite de l’audience publique qui a eu lieu le jeudi 24 novembre 2022 dans le jugement de l’opposition au brevet du Sofosbuvir, formée par l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecins du monde, l’office européen des brevets a d’ailleurs confirmé la décision qui a affaibli un des brevets clés du Sofosbuvir, ce qui veut dire, par conséquent, que la firme pharmaceutique américaine Gilead a de fait violé les règles du brevet sur le Sofosbuvir, et a exigé de manière disproportionnée des fonds publics à partir d’une base juridique faible.

C’est une situation inacceptable dénoncée par de nombreux acteurs qui demandent que l’État prenne ses responsabilités et fasse usage de l’outil qui est à sa disposition pour réguler cet abus, en déclenchant une licence d’office sur ce médicament. Plus largement, les prix de l’innovation thérapeutique sont aujourd’hui une inquiétude pour la soutenabilité du budget de l’assurance maladie et pour notre système de santé en crise.

Il lui demande ce qu’il compte faire en ce sens et, face aux obstacles confrontés par les gouvernements successifs pour mobiliser cet outil juridique dans les cas des prix anormalement élevés de l’innovation thérapeutique, demande une expertise pour rendre les licences d’office effectives quand de tels enjeux se poseront de nouveau.

 

Question écrite n° 04162 : https://senateurscrce.fr/activite-des-senateurs/les-questions-au-gouvernement/les-questions-ecrites/article/declencher-une-licence-d-office-sur-ce-medicament-et-d-autres

Aucune expulsion des personnes reconnues DALO logées dans le parc social

Il y a 2 ans, le 25 avril 2022

Par Pierre Laurent

Aucune expulsion des personnes reconnues DALO logées dans le parc social – Application des circulaires concernant les expulsions locatives

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J’ai attiré l’attention de M. le ministre de l’Intérieur sur la nécessité d’appliquer les textes légaux concernant les expulsions locatives.

Il existe en effet plusieurs dispositifs relatifs à la prévention des expulsions locatives, dont la circulaire (NOR : INT 2111638 J) du 26 avril 2021 qui demande aux autorités administratives de ne pas accorder le concours de la force publique (CFP) dans le parc social si certaines conditions ne sont pas respectées.

En effet, cette circulaire dispose dans le paragraphe II-3 de son annexe qu’« il s’agit qu’aucun CFP ne puisse être octroyé dans le parc social sans que le bailleur et le réservataire du logement n’aient fait la démonstration qu’ils ne disposent d’aucun logement adapté aux caractéristiques socio-économiques de l’occupant au sein de leur parc ou de leur contingent respectivement ».

Or de nombreuses associations, notamment à Paris et en Île-de-France, constatent que des personnes logées dans le parc social et reconnues prioritaires au titre du droit au logement opposable (DALO) font l’objet d’un CFP sans que les bailleurs sociaux concernés ne rapportent la preuve de leurs obligations.

J’ai demandé ce que le Ministre comptait faire en vue d’appliquer la circulaire précitée et par conséquent de mettre fin à ces expulsions.

 

Question écrite du 19 avril 2022 : https://senateurscrce.fr/activite-des-senateurs/les-questions-au-gouvernement/les-questions-ecrites/article/aucune-expulsion-des-personnes-reconnues-dalo-logees-dans-le-parc-social