#ÉDUCATION

Projet de suppressions de postes dans l’enseignement primaire pour la rentrée 2023 à Paris

Il y a 5 mois, le 8 janvier 2023

Par Pierre Laurent

Le jeu de massacre continue dans l’Éducation Nationale. Après l’attaque en règle contre les lycées publics parisiens, effectuée par la droite régionale et le gouvernement macroniste, les tenants de l’orthodoxie libérale s’attaquent à l’enseignement primaire ! Il est urgent que la réplique soit à la hauteur de cette véritable saignée. J’ai interpellé le Ministre de l’Éducation nationale en ce sens par question écrite.

GARDONS LE CONTACT

M. Pierre Laurent attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur le projet de suppressions massives de postes dans l’enseignement primaire pour la rentrée 2023. Selon les syndicats concernés, les documents de travail reçus pour le comité technique ministériel indiquent que, sur les 1 117 postes supprimés nationalement, 155 postes seraient retirés à l’académie de Paris.

Pour tous les acteurs concernés ce serait inacceptable. En effet cela dégraderait les conditions d’enseignement des professeurs et les conditions d’apprentissage des élèves, à commencer par les plus fragiles. Avec ces suppressions programmées, les graves difficultés de remplacement au sein de l’académie vont perdurer et l’académie ne pourra pas mener un plan académique de formation ambitieux pourtant tellement nécessaire.

Plutôt que d’administrer saignée sur saignée, il est urgent qu’un plan d’urgence pour l’éducation nationale se mette en place. Par conséquent, il lui demande dans l’immédiat un moratoire sur ces projets de suppression de postes à Paris notamment et qu’au plus vite un dialogue avec tous les acteurs se mette en place en vue d’améliorer les conditions de scolarité des élèves plutôt que de les dégrader gravement.

 

Question écrite n° 04696 : https://senateurscrce.fr/activite-des-senateurs/les-questions-au-gouvernement/les-questions-ecrites/article/ameliorer-les-conditions-de-scolarite-des-eleves-plutot-que-de-les-degrader

Hommage à Samuel Paty – 16 octobre 2022

Il y a 8 mois, le 17 octobre 2022

Par Pierre Laurent

Le matin du dimanche 16 octobre à Paris, je participais au nom du Parti Communiste Français et de ses parlementaires à l’hommage solennel rendu à Samuel Paty par les forces de la NUPES. Voici l’allocution que j’y ai prononcée.

GARDONS LE CONTACT

Hommage à Samuel Paty – 16 octobre 2022 – Allocution de Pierre Laurent

L’hommage que nous rendons aujourd’hui à Samuel Paty, deux ans jour pour jour après son lâche assassinat, après ceux rendus ces jours-ci dans des centaines d’établissements scolaires et ici même à la Sorbonne par l’association nationale des professeurs d’histoire-géographie en présence du ministre de l’Éducation nationale Pap N’diaye, est l’hommage que nous devons à un homme qui faisait tout simplement son métier, éduquer, et participait ainsi à l’inlassable combat mené dans la République pour la liberté et l’égalité.

La liberté, l’égalité, le savoir partagé, c’est ce que visait le bras d’un jeune fanatique armé par l’obscurantisme islamiste quand il a tué Samuel Paty à la sortie de son collège.

« Enseigner, c’est expliquer et non se taire », a déclaré hier Michaëlle Paty, la sœur de l’enseignant. Oui, deux ans après il ne faut toujours pas se taire, et dire haut et fort, en rendant hommage à Samuel Paty, notre soutien plein et entier aux enseignants de notre pays, notre soutien à l’école de la République, qui ont tant besoin de moyens et de respect pour leur métier.

Dire haut et fort aux enfants de notre pays qu’ils sont libres d’apprendre, et qu’ils et elles seront ainsi des femmes et des hommes libres.

Dire haut et fort que notre hommage va droit à toutes les femmes et hommes qui, ici et dans le monde, sont les victimes d’interdits archaïques, religieux et non-religieux, d’oppressions inacceptables.

L’éducation est partout dans le monde au cœur de ce combat. Je n’oublie pas le sens que les collègues et amis de Samuel Paty ont donné, ici il y a deux ans dans la cour de la Sorbonne, à l’hommage national à leur ami, auquel j’assistais. En lisant la lettre aux instituteurs de Jean Jaurès, ils ont rappelé la force du savoir et de la transmission, et la confiance qu’il convient d’avoir dans l’intelligence humaine. « Si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler » écrivait Jaurès, n’oubliez pas que les enfants « seront citoyens et qu’ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la Nation ».

C’est ce libre choix, cette éducation à la libre conscience que Samuel Paty a injustement payé de sa vie, comme avant lui l’équipe de Charlie ou les victimes du Bataclan, comme tant d’autres aujourd’hui dans le monde.

La liberté de conscience, philosophique, politique, religieuse pour chacune et chacun, pour garantir la pleine égalité d’accès aux droits de toutes et tous, voilà les deux piliers indissociables des fondements laïques de notre République. La laïcité est aujourd’hui doublement attaquée, par ceux qui menacent la liberté de conscience, comme par ceux qui en dénaturent le sens pour miner la promesse d’égalité contre toutes les haines et les divisions. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit toujours de rouvrir la voie à la domination d’une partie de la société et de l’humanité sur l’autre.

Nous voulons transmettre les principes de la République pour l’exact inverse : la réalisation pleine et entière de l’Humanité dont Jaurès fixait l’objectif en nommant son journal du même nom. Voilà pourquoi la lutte contre tous les racismes, contre l’antisémitisme, contre les musulmans, contre toutes les haines, la lutte des femmes pour leur totale égalité, la lutte contre toutes les injustices, tous combats aux fondements de la gauche, sont constitutifs du combat de toute la société pour la liberté, l’égalité, la fraternité, et la laïcité qui les garantit.

C’est pour transmettre le savoir qui est le cœur battant de l’égalité que Samuel Paty voulait vivre, et c’est pour cela que nous l’honorons aujourd’hui.

 

Seul le prononcé fait foi

Manque de moyens alloués à l’Éducation nationale – satisfaire des revendications d’intérêt général

Il y a 1 an, le 21 janvier 2022

Par Pierre Laurent

Alors que le monde de l’éducation est cette semaine encore fortement mobilisé, j’ai attiré l’attention du Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les moyens alloués aux premier et second degrés par l’Éducation nationale à Paris. À Paris comme dans de nombreux autres endroits en France, il y a un manque […]

GARDONS LE CONTACT

Alors que le monde de l’éducation est cette semaine encore fortement mobilisé, j’ai attiré l’attention du Ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports sur les moyens alloués aux premier et second degrés par l’Éducation nationale à Paris.

À Paris comme dans de nombreux autres endroits en France, il y a un manque manifeste de professeurs titulaires constaté, pour couvrir notamment les besoins de remplacement et les besoins de professeurs spécialisés à l’intérieur des réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), pour venir en aide à des élèves qui ont largement subi des conditions d’étude dégradées. Par ailleurs, les écoles souffrent du manque de moyens affectés au remplacement d’enseignants en cette période de crise sanitaire, ce qui entraîne de nombreuses absences, avec à la clé des journées de classe perdues pour les élèves.

Il est à noter qu’en 2020–2021, le Ministère de l’Éducation nationale avait déjà imposé à l’Académie de Paris la suppression de 117 postes dans l’enseignement secondaire, dont 36 postes dans les collèges, en dépit d’une hausse des effectifs d’élèves et que pour l’année 2021–2022, la dotation horaire globale (DHG) de Paris a été diminuée de 468 heures, soit 26 suppressions de postes supplémentaires.

Pourtant de très nombreuses fois les parents d’élèves, les enseignants et leurs représentants ainsi que le Conseil de Paris se sont prononcés pour que des moyens humains soient débloqués afin de prévenir les conséquences de la crise sanitaire, mais aussi pour cesser la dégradation du service public de l’éducation. Tous ces acteurs souhaitent qu’aucune baisse de la dotation horaire globale des collèges ne soit à déplorer pour l’année 2022-2023, et que celle-ci soit au contraire augmentée afin d’améliorer les conditions d’apprentissage et d’enseignement, tout en répondant aux besoins engendrés par la crise sanitaire.

Ils souhaitent également que soient créés des postes de professeurs titulaires dans le premier degré pour couvrir les besoins, et notamment pour disposer de brigades de remplacement en nombre suffisant. Ils estiment par ailleurs que la baisse de la démographie scolaire doit être saisie comme une opportunité pour abaisser le nombre d’élèves par classe plutôt que pour en fermer. Enfin ils pensent que dans le cas des écoles maternelles, la baisse de la démographie scolaire soit compensée par l’ouverture de très petites sections (TPS) permettant aux enfants de moins de 3 ans de bénéficier d’une scolarité anticipée, en particulier dans les quartiers populaires où l’accès à la culture scolaire dès le plus jeune âge constitue un enjeu majeur.

J’ai demandé au Ministre ce qu’il comptait faire en vue de satisfaire ces revendications qui visent la satisfaction de l’intérêt général.

 

Question écrite n°26386 : https://senateurscrce.fr/activite-des-senateurs/les-questions-au-gouvernement/les-questions-ecrites/article/satisfaire-des-revendications-qui-visent-la-satisfaction-de-l-interet-general

Garantir la possibilité pour les jeunes concernés d’accéder à l’enseignement supérieur et d’y réussir

Il y a 2 ans, le 7 octobre 2021

Par Pierre Laurent

J’ai attiré l’attention de Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur la situation de l’enseignement supérieur en France. Entre 2008 et 2018, le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur en France est passé de 2,2 millions à 2,7 millions, soit une hausse de plus de 20 %. Dans le même […]

GARDONS LE CONTACT

J’ai attiré l’attention de Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation sur la situation de l’enseignement supérieur en France. Entre 2008 et 2018, le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur en France est passé de 2,2 millions à 2,7 millions, soit une hausse de plus de 20 %.
Dans le même temps en prenant en compte l’inflation, le budget de l’enseignement supérieur n’a augmenté que de 10 %. La dépense par étudiant a donc baissé de presque 10 % sur la période.
Cette situation est essentiellement le résultat de la loi n° 2007-1199 du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités, dite « loi LRU ». Les présidents d’universités, comme l’ensemble de la communauté universitaire, constatent au quotidien que la dotation de l’État pour couvrir les besoins est insuffisante.
La Cour des comptes relève chaque année qu’entre 5 et 15 établissements sont dans une situation financière jugée préoccupante, du fait de cette baisse des dotations. Cette situation engendre des plans d’économies, avec des non-remplacements de départs en retraite, des suppressions de postes, le recours plus important à des contractuels, des retards de paiements, des gels des postes et une précarisation des jeunes chercheurs…
Cela se traduit également par la réduction des capacités d’accueil, voire par la suppression de certaines filières ; en témoigne le nouveau chaos en cette rentrée 2021 autour de Parcoursup.
Je lui ai demandé ce que le Gouvernement compte faire en vue de remédier à cette situation, et de garantir la possibilité pour les jeunes concernés d’accéder à l’enseignement supérieur et d’y réussir.

Démocratie : nous ne sommes rien, soyons tout !

Il y a 2 ans, le 15 septembre 2021

Par Pierre Laurent

Ce mercredi 15 septembre est la « journée internationale de la démocratie », qui salue l’adoption par l’ONU d’une déclaration universelle sur la démocratie. Vous n’en entendrez aucunement parler dans notre pays et pourtant quel sujet plus brûlant et plus fondamental que celui-là.

GARDONS LE CONTACT

Cette initiative de l’ONU souligne un terrible paradoxe : jamais la démocratie n’a été autant menacée et, si l’existence de cette journée est utile, le respect et le développement de la démocratie exige un combat redoublé de tous les jours, y compris dans les pays comme les nôtres où les luttes populaires ont porté haut dans l’histoire ces combats pour la démocratie.

Récemment, la Fondation libérale Fondapol publiait une enquête sur le thème « Où va la démocratie ?» en interrogeant plus de 22 000 personnes dans les vingt-six pays de l’Union européenne. Dans leur majorité, les Européens, et parmi eux les Français, jugent que la démocratie représentative «fonctionne mal ou très mal». L’étude met en évidence les différents symptômes de cette crise de la représentation. Ainsi, très majoritairement, les citoyens européens estiment que la plupart des responsables politiques défendent avant tout leurs propres intérêts, que les femmes et les hommes politiques sont corrompus. Ils expriment de la défiance envers les parlementaires, les lieux et institutions de la démocratie, les partis politiques. Les médias et les syndicats semblent eux aussi massivement discrédités.
«Il importe de prendre en compte l’hypothèse d’un dépérissement démocratique, de s’interroger sur la situation présente et sur le possible devenir de la démocratie », commentait la Fondation. Nombreux seraient les exemples à prendre qui furent, ces dernières décennies, autant d’étapes de cette dégradation. Le sort réservé à l’expression populaire sur le TCE en 2005 en fut l’une des plus marquantes. En 2021, le constat reste le même, aggravé sans doute même. La participation, historiquement faible lors des dernières élections régionales, en fut un symptôme des plus alarmants. La manière dont on cherche à corseter le débat et les enjeux des échéances électorales de 2022 en est un autre.

A l’évidence, les pouvoirs en place ont besoin qu’on leur dégage le terrain et qu’on leur laisse les mains libres pour mener cette guerre économique féroce qu’est la
« concurrence libre et non faussée » à l’échelle du monde, qu’on les débarrasse de ces
« pesanteurs » que sont la fiscalité, les cotisations sociales, les droits des salariés, qu’on flexibilise le « marché du travail », qu’on privatise les entreprises nationales et les services publics, qu’on réduise les dépenses publiques, qu’on renonce au droit à la retraite, et qu’on renforce les fonctions dites «régaliennes» de l’État pour garantir la pérennité de ce nouvel ordre social.
Et alors même que la crise du covid, la crise climatique ou l’emprise mondiale des Gafam et des multinationales sur l’avenir de l’humanité posent tant de questions sur l’avenir de la démocratie, l’acharnement à poursuivre dans les mêmes voies reste partout le credo dominant. Et s’ouvrent ainsi les voies d’une théorisation sur le besoin qu’auraient les citoyens de régimes plus autoritaires pour remettre de l’ordre dans les sociétés.

Pourtant, à y regarder de près, les citoyens disent tout autre chose. Ainsi, selon l’IFOP, de 85 à 90 % des Français sont attachés à la démocratie ! Un score sans appel. Mais plus de 60 % considèrent qu’elle «fonctionne mal».
Les attentes des Français en matière d’amélioration de la démocratie place en tête l’exigence de prise en compte des pétitions citoyennes : 77 % pour «obliger les élus à débattre d’un sujet ou à étudier une proposition de loi si une pétition a recueilli un nombre très important de signatures», 69 % pour qu’une telle pétition puisse contraindre à organiser un référendum. Des résultats qui conduisaient le directeur de la revue ayant publié cette enquête d’opinion à constater : «Les Français souhaiteraient s’impliquer davantage. Ils peuvent aujourd’hui s’exprimer directement sur l’action politique via les réseaux sociaux, mais ne peuvent pas encore influencer directement les décisions politiques.»
C’est bien cela, en fait, qui est au centre du fossé qui s’est creusé entre les Français et la politique, les institutions, la notion même de démocratie. Beaucoup de nos concitoyens se sentent floués et méprisés et, bien sûr, d’abord celles et ceux qui perdent le plus à cette perte de substance de la démocratie, les plus jeunes et les couches populaires qui forment les gros bataillons des abstentionnistes. Ce qu’ils refusent, c’est la démocratie du « Je ne veux voir qu’une tête » réprimant l’antagonisme social.
C’est au contraire
dans la reconquête de pouvoirs d’intervention à tous les niveaux de la société et dans les libertés que supposent l’exercice réel de ces pouvoirs, la liberté d’expression, de manifestation, d’organisation de forces diverses et opposées, dans la vivacité du débat et de la confrontation entre ces forces qu’ils reconnaissent la démocratie.

Depuis plus de deux siècles, cet appétit de liberté et de dignité parcourt l’histoire de notre peuple. On le reconnaît dans la formule fondatrice en 1789 de Sieyès, un des « pères » de la République : « Qu’est-ce que le Tiers-État ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique ? Rien ». On le retrouve dans l’affirmation du prolétariat clamée par l’Internationale : « Nous ne sommes rien, soyons tout ! ».

Cette exigence de devenir ou de redevenir «tout» s’appelle le droit à une citoyenneté pleine et entière dans la cité comme dans l’entreprise, pour maîtriser sa vie et son travail, dans une coopération librement consentie avec toute la communauté citoyenne. C’est ce droit qu’il faut revivifier, en revenant à son sens premier qui est son sens véritable : le droit d’exercer la plénitude des pouvoirs de la citoyenne ou du citoyen, porteur d’une part de la souveraineté du peuple ; le droit pour chacune et pour chacun de participer à la prise des décisions qui l’engagent dans une nouvelle République d’intervention citoyenne. Cela implique de lever les obstacles qui l’entravent: la logique monarchique des institutions, les coups portés à la démocratie représentative, la confiscation de la politique contre son exercice populaire par toutes et tous, l’omniprésence des «experts» et des institutions non élues.

En cette journée internationale de la démocratie, ce qui est urgent et frappe à notre porte est bien la volonté de « démocratisation de la démocratie ».

Cette exigence s’impose aujourd’hui à tous les niveaux, local, national, européen et mondial. L‘humanité, depuis qu’elle existe, n’a jamais été confrontée à des enjeux d’un tel niveau. Il s’agit du sort de la planète et du genre humain. De l’avenir des générations futures. Ce que les sociétés humaines ont construit peut bifurquer à nouveau grâce à l’intervention humaine démocratique et partagée. Rien n’est écrit. L’humanité peut s’extirper de l’engrenage autoritaire qui menace, pour échapper aux logiques prédatrices du capitalisme mondialisé.
Faire sauter ce verrou – ou plutôt, ces verrous, car ils sont nombreux –, du local au global, comme on dit, est
une tâche centrale à l’ordre du jour de l’humanité.
Que cette journée internationale de la démocratie serve au moins à y réfléchir tous ensemble !.

La nausée

Il y a 2 ans, le 20 avril 2021

Par Pierre Laurent

C’est ce titre d’un roman de Jean Paul Sartre qui m’est venu à l’esprit en apprenant la décision de 12 clubs européens, parmi les plus riches au monde, de se retrouver entre eux dans une compétition nommée « superleague », indépendante des instances de l’UEFA.

GARDONS LE CONTACT

La motivation n’est pas sportive, ces gens là ne font même pas semblant : il s’agit de générer plus d’argent, plus de droits télé déjà exorbitants, plus de sponsoring. Et par là même, de tenter d’attirer et de concentrer les meilleurs joueurs de la planète sur quelques clubs, en achetant des contrats et en payant des salaires qui ont déjà, aujourd’hui, franchi les limites de la décence.
Comme l’écrit un entraineur argentin bien connu, Marcelo Bielsa, surnommé « El loco » : « le problème fondamental c’est que les riches aspirent toujours à être plus riches, sans tenir compte des conséquences pour les autres ».
Une définition parfaite du capitalisme et du comportement, dans le football comme dans toute la société, de ceux qu’un président de la République a un jour nommé « les premiers de cordée ».
Les autres ? Ce sont ceux « d’en bas », les clubs professionnels petits (il yen a) ou moyens, les clubs amateurs, les bénévoles, les supporters prêts à se saigner aux quatre veines pour voir jouer l’équipe de la ville qu’ils aiment.
Ils en seront réduits à regarder, impuissants, circuler des sommes folles dont ils n’espèrent plus depuis longtemps déjà, le moindre ruissellement.
Les instances européennes du football sont vent debout contre ce projet. Tant mieux.
Des présidents de club, comme Jean-Michel Aulas, y voient l’occasion de se refaire une virginité face à une dérive à laquelle ils ont eux mêmes contribué.
L’UEFA promet des sanctions exemplaires, tout en présentant le même jour une réforme des compétitions européennes qui, dans les faits, obéit à la même logique.
Cette logique, au-delà des sommes d’argent hallucinantes qu’elle génère, est un coup mortel aux valeurs humaines que ce sport, que le sport en général, doit continuer de porter.
Le Liverpool Football Club fait partie de ces clubs qui ont décidé de « faire sécession » : je n’ai pas l’intention de stigmatiser ce club plus que les 11 autres, mais je viens de lire le beau livre de David Peace « Red or dead », « rouge ou mort », retraçant l’ascension de cette équipe dans les années 1960-1970, sous l’impulsion de son entraineur légendaire Bill Shankly, dans cette ville populaire et ouvrière du Nord de l’Angleterre, dans laquelle le Liverpool FC a puisé son identité. David Peace raconte que lors d’un déplacement de son équipe à Manchester, Bill Shankly aperçut sur un trottoir de Liverpool, depuis le bus qui amenait les joueurs, 2 enfants habillés de rouge, pleurant de ne pouvoir se déplacer pour assister au match. Bill fit arrêter le bus, fit monter les enfants auprès des joueurs, après avoir lui même téléphoné à leurs parents en leur promettant de les ramener à leur domicile après la rencontre.
Une autre époque diront certains. Mais les valeurs sportives et humaines n’ont pas d’époque.
Bill Shankly a sa statue devant le stade d’Anfield Road. Ont-ils décidé de la déboulonner ?
Il dépend de notre mobilisation à toutes et tous que l’humanité ne devienne pas une vieille lune, enterrée sous des liasses de billets de banque.
C’est vital et urgent !

27 janvier – Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

7 janvier 2015, l’impensable au coeur du quotidien

Il y a 2 ans, le 6 janvier 2021

Par Pierre Laurent

Le 7 Janvier 2015, la nouvelle atteignit les gens où ils étaient. L’impensable au cœur du quotidien. L’incrédulité, puis la sidération. Les attentats contre Charlie Hebdo, comme tous les autres, font partie de notre douloureuse mémoire collective.

GARDONS LE CONTACT

Nous pensons aux victimes: Frédéric Boisseau, chargé de la maintenance du bâtiment, Elsa Cayat psychanalyste, Bernard Maris, économiste, Mustapha Ourad correcteur du journal, Michel Renaud, cofondateur du festival « Rendez vous du carnet de voyage », Franck Brinsolaro, policier chargé de la protection de Charb. Et bien sûr, les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, dont nous admirions le talent, l’irrévérence, avec qui nous avions nourri des relations d’amitié et de respect mutuel, au fil de la vie et des fêtes de l’Humanité…

En ce jour de triste anniversaire, nous ne cessons de penser à elles et eux, comme à Ahmed Merabet, gardien de la paix tué boulevard Richard Lenoir, à Clarissa Jean Philippe, policière municipale tuée à Montrouge, aux victimes de la supérette casher, Porte de Vincennes.

Nous pensons aux victimes et à ce qui était visé à travers elles: le droit de dire ce que l’on pense, le droit d’avoir raison, le droit de se tromper, le droit de caricaturer, le droit d’exagérer, celui de dépasser les bornes, de repousser les limites du convenable…

Les libertés de conscience et d’expression ne furent jamais un bien octroyé par quelque autorité supérieure que ce soit. Elles furent même souvent dans l’Histoire, combattues et censurées par les pouvoirs en place. Elles furent une conquête, chèrement acquise à travers les siècles, par les luttes citoyen-ne-s, pour en faire une valeur et un acquis indissociables de ce qu’est la France et son rayonnement. La liberté d’expression est avant tout une valeur populaire. C’est sans aucun doute pour cette raison que le dimanche qui suivit le 7 Janvier, une marée de femmes et d’hommes déferla dans les rues de la capitale et des villes de province, digne, affligée mais déterminée, pour dire ensemble : « Je suis Charlie ». D’autres, qui n’endossaient pas l’expression, étaient tout aussi affligés par ces attentats si contraires à leurs croyances. L’horreur de ces tueries ne faisait que commencer. Les blessures déchirent toujours plus le pays. Et il ne faudrait surtout pas oublier que le cri de liberté de janvier 2015 était le bon : il ne sera jamais de sécurité partagée qui ne repose sur une extension des droits et des libertés.

La liberté de penser et de dire ne peut être ni confinée ni masquée et ne s’accommode d’aucun rejet, d’aucune discrimination. Elle est aujourd’hui incompatible avec toute loi de « sécurité globale », quand celle-ci cherche à restreindre les libertés de tous sans jamais combattre le mal des idéologies racistes et fascistes à la racine, quels que soient les visages, religieux ou non, dont elles s’affublent pour revendiquer on ne sait quelle « guerre des civilisations ».

Il n’ y a de sécurité globale que dans le progrès continu de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Ce fut le combat des générations qui nous ont précédés.

Six années après le 7 janvier 2015, ce combat est toujours le nôtre. Face à l’impensable, partout où nous sommes aujourd’hui, nous continuons de penser et construire l’avenir.

 

Ils ont dit STOP

Il y a 2 ans, le 9 décembre 2020

Par Pierre Laurent

Ensemble et solidaires, les joueurs du Basaksehir et du PSG ont arrêté de jouer. Ensemble et solidaires ils ont refusé de reprendre la partie.

GARDONS LE CONTACT

Ensemble et solidaires, ils ont crié à la planète entière que le sport et ses valeurs étaient incompatibles avec toute stigmatisation à caractère raciste.
C’est un évènement.

Ils ont affirmé ensemble que le sport était d’abord et avant tout porteur de valeurs humaines et qu’aucune considération sportive ou économique ne pouvait conduire à s’accommoder de ce qui porte atteinte à ces valeurs.
A ce qui divise et isole, ils ont répondu par ce qui réunit et rassemble.

C’est un bel exemple.

A chacun désormais de faire en sorte que cet exemple porte ses fruits et que plus rien, désormais, ne soit comme avant.

Giscard et la modernité ?

Il y a 3 ans, le 8 décembre 2020

Par Pierre Laurent

Ma Tribune libre parue dans l’Humanité du lundi 7 décembre 2020

GARDONS LE CONTACT

Les nombreux hommages rendus à Valéry Giscard d’Estaing reprennent en chœur le refrain : nous avons perdu celui qui a fait entrer la France dans la modernité. Qui n’a pas vécu les années 1970 durant lesquelles il fut président de la République se voit ainsi ré-écrire une belle histoire, malheureusement d’autant plus ronflante qu’elle est bien éloignée des réa- lités de l’époque. Ainsi, toutes les avancées sociétales des années 1970, par exemple le droit de vote à 18 ans ou la première loi sur l’IVG portée par Simone Veil, sont attribuées à son génie réformateur. C’est oublier l’essentiel : le puissant mouvement qui secoua la société française en mai-juin 68, la poussée des mouvements féministes qui le suivirent, et les incessantes mobilisations de la jeunesse qui, de 1968 à la fin des années 1970, ne cessèrent tous les ans d’agiter la jeunesse lycéenne et étudiante, notamment pour combattre les réformes libérales de l’enseignement que portèrent les gouvernements giscardiens de l’époque. Rendons les conquêtes sociétales à celles et ceux à qui elles appartiennent.

Ce qui est vrai, c’est que la décennie Giscard marque le début de la contre-offensive libérale qui n’a cessé de s’amplifier par la suite. Il s’agit alors de répondre à l’exigence de modernité exprimée par la jeunesse pour la contenir, et d’intégrer les bouleversements du monde à la modernisation d’un capitalisme qui connaît alors la première grande crise capitaliste de 1974, celle du choc pétrolier. Valéry Giscard d’Estaing a ainsi beaucoup œuvré à confisquer le terme de « réforme » à la gauche. Le mal se fait aujourd’hui encore lourdement sentir, quand chaque attaque antisociale du gouvernement Macron est parée du beau mot de « réforme ». En vérité, ce n’est pas la société française que cherche à moderniser Giscard, mais le capitalisme français des années de Gaulle. Il modernise la communication politique, va visiter les pauvres au coin du feu pour masquer l’arrogance de classe qu’il incarnait plus que tout, mais son objectif reste bien celui-là.

Il jette les bases d’une insertion du capitalisme français dans la mondialisation ultralibérale. Il pousse les feux de l’intégration européenne dans la même direction, en n’oubliant pas de renforcer l’orientation atlantiste en délaissant l’héritage gaulliste.

Battu en 1981, il ne lâchera jamais le manche, et deviendra le rédacteur essentiel du traité constitutionnel européen (TCE) qui visait la constitutionnalisation du capitalisme libéral en Europe, sans imaginer que Jacques Chirac décide de soumettre ce texte au vote des Français au référendum.

Le septennat de Giscard n’est pas la marche triomphale vers la modernité décrite dans les médias et les hommages rendus. Ces années 1970 sont celles où grandit, contre sa politique, l’espoir de la victoire du programme commun de la gauche, initié par les communistes et rejoint par François Mitterrand, pour déboucher sur la défaite giscardienne en 1981, dans une élection gagnée par François Mitterrand au second tour et dans laquelle Georges Marchais a réuni au premier tour 15 % sous la bannière de « candidat anti-Giscard ». De même, les communistes jouèrent un rôle essentiel pour révéler les méfaits du TCE en 2004, et lever un mouvement citoyen d’une ampleur inédite jusqu’à conquérir la victoire du « non » en 2005.

Valéry Giscard d’Estaing fut certes un dirigeant de premier plan de la droite libérale française, assurément très brillant, mais sa victoire de 1974 n’efface pas les deux défaites majeures qu’il aura subies en 1981 et 2005. Sa modernité n’est pas celle que cherchait le peuple français.

Pierre Laurent Vice-président du Sénat, sénateur PCF de Paris