Ivry par toutes et tous

Il y a 4 mois, le 15 janvier 2022
Par Pierre Laurent
Le mot de Pierre Laurent :
Abstention, crise de la politique, mise en scène présidentielle très éloignée des attentes populaires… La démocratie est en souffrance. Comment réengager la mobilisation politique populaire ?
Comme bon nombre de maires et de militant·es, Philippe Bouyssou est confronté à ces questions. Dans sa ville d’Ivry-sur-Seine, commune populaire de 65 000 habitant·es aux portes de Paris, il a pu conduire une expérience politique nouvelle lors des dernières élections municipales, avec la mise en place d’un tiers citoyen.
Cette expérience, comme d’autres que nous tenterons de présenter au fil des mois à venir, a tenté de répondre aux aspirations de nombre de nos concitoyen·nes à intervenir, tout en s’inscrivant dans la longue histoire des pratiques de politisation populaire dans notre pays. L’expérience ivryenne mérite d’être davantage connue ; je remercie Philippe Bouyssou d’avoir bien voulu partager ses réflexions à ce sujet.
Ivry par toutes et tous
Par Philippe Bouyssou*
Les élections départementales et régionales en juin 2021 ont été marquées par un nouveau record d’abstention : seul un tiers du corps électoral s’est rendu aux urnes. Un taux de participation largement inférieur aux scrutins de 2015, qui avaient mobilisé plus de la moitié des inscrit·es. De manière générale, l’abstention progresse à chaque élection depuis 20 ans et aucun scrutin n’est épargné. Quels sont les ressorts de ce glissement inquiétant ?
Il en va d’abord du ressenti de la population, qui interroge la capacité des organisations politiques à améliorer ses conditions de vie. Face à la crise économique et au dérèglement climatique, des gouvernements de droite comme de gauche se sont succédés cette dernière décennie, sans parvenir à faire reculer le chômage, la précarité et le réchauffement climatique. Dès lors, c’est la promesse politique selon laquelle les générations futures vivraient mieux que les précédentes qui s’est effondrée.
Le sentiment de défiance vis-à-vis du politique se nourrit ensuite du nombre croissant de scandales et d’affaires financières révélées par les médias. Il n’est plus seulement question de désillusion, mais de méfiance, voire de dégout, qui accentue pour sûr la perception d’une classe politique déconnectée des réalités du quotidien de la population. Et pourtant, chaque jour, des projets culturels et sportifs imaginés par les associations et les collectifs d’habitant·es, aux solidarités concrètes et informelles qui animent les quartiers populaires, la « chose » politique s’exprime partout sur le territoire. Alors, comment contribuer à renforcer ces dynamiques et les faire converger vers un mouvement pour l’émancipation ?
Partager les pouvoirs
Nous avons tenté, avec humilité, à l’échelle d’Ivry, de formuler une réponse à cette question lors des élections municipales en 2020, alors qu’une liste d’union rassemblant le PS, la France insoumise et EELV nous faisait face. Notre conviction : aucun changement majeur de société n’interviendra sans l’engagement du plus grand nombre. Notre ambition : passer un nouveau cap dans le partage des pouvoirs avec les habitant·es. Le moyen : ouvrir l’animation, les choix stratégiques de la campagne et enfin la liste à un « tiers citoyen ».
Une seule condition pour l’intégrer, ne pas être membre d’une organisation politique. Ainsi, durant plusieurs semaines, des Ivryen·nes ont été désigné·es par les habitant·es dans chaque quartier. Quelque 221 personnes se sont engagées dans ce processus, proposant jusqu’à huit noms susceptibles de rejoindre la liste. La démarche a révélé plus de 200 candidatures, pour « seulement » 16 possibilités en position éligible, dont 5 au sein de l’exécutif municipal. Chaque candidature a ensuite été étudiée par l’ensemble du collectif de campagne, de sorte à constituer une équipe au plus proche de la réalité d’Ivry, notre ville populaire aux portes de Paris.
Le soir du premier tour, les Ivryen·nes nous ont placés largement en tête avec 48.65% des suffrages exprimés. Depuis notre victoire et le ralliement d’EELV dans l’entre-deux tours, je mesure chaque jour, dans l’exercice de mon mandat, la richesse de leurs analyses et apports dans les débats de la majorité. Je le dis avec fierté, aucune équipe municipale n’a jamais été autant aux couleurs d’Ivry et de ses engagements.
« Il est encore temps de passer du bon côté de la barrière »
Mais je mesure aussi toute la violence qui se déchaîne à leur encontre, notamment les jeunes élu·es issu·es des quartiers populaires. En réalité, ce qui alimente les discours racistes et anti-jeunes de l’opposition – de droite comme de gauche – c’est que des enfants qui ont grandi dans des familles modestes, témoins de l’Histoire de l’immigration, occupent à Ivry toute la place qui leur revient de droit en France : celle de décider, d’exprimer une parole politique et d’être élu·es.
Bien sûr, cette expérience de partage réel du pouvoir constitue un véritable défi démocratique. Elle est aussi complémentaire du partage du pouvoir avec les habitant·es sur tous sujets les stratégiques de la ville, comme nous l’avons fait – malgré la pandémie – en 2021 sur l’action climat de la ville.
Quant à sa réussite, elle repose sur cette maxime : « respecter ce qui nous éloigne, se retrouver sur tout ce qui nous rassemble ». En ce sens, les polémiques nauséabondes qui embolisent la vie politique du pays sont autant d’instruments de division, qui nuisent à la construction d’un avenir en commun. Et particulièrement les instrumentalisations de la laïcité à des fins islamophobes, qui en plus d’insulter la dignité de plusieurs millions de personnes en France, menacent de faire exploser le seule cadre – la loi de 1905 – dans lequel peut s’épanouir la diversité des origines et des cultures.
Il est aussi révoltant de constater qu’un trop grand nombre de personnalités et militant-e-s politiques versent dans ce jeu dangereux… et hélas, pas seulement à droite. Phénomène paradoxal, ils et elles se rapprochent parfois même aujourd’hui de figures réactionnaires qu’elles avaient pourtant combattues avec ardeur lors de l’ouverture des droits au mariage à la communauté LGBT. A l’heure où l’ombre de l’extrême droite plane sur l’Élysée, et que ses idées ont – je le regrette – creusé leur nid à droite, il est encore temps de passer du bon côté de la barrière.
*Philippe Bouyssou est maire communiste d’Ivry-sur-Seine
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