#SANTÉ

Sofosbuvir : Déclencher une licence d’office sur ce médicament et d’autres

Il y a 10 mois, le 6 décembre 2022

Par Pierre Laurent

La licence d’office sur le Sofosbuvir et sur d’autres médicaments doit être déclenchée. L’inacceptable rationnement et tri des patients doit prendre fin. J’ai interpellé par question écrite le ministre de la santé à ce sujet.

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M. Pierre Laurent attire l’attention de M. le Ministre de la Santé et de la Prévention sur le Sofosbuvir.

Ce premier médicament contre l’hépatite C sans interféron, avec très peu d’effets indésirables, commercialisé en France par l’entreprise américaine Gilead sous le nom de Sovaldi®, a marqué un moment de rupture dans le modèle de fixation des prix des médicaments innovants dans notre pays. Pour la première fois dans l’histoire de l’Assurance Maladie, le prix de vente d’un médicament (56 000 euros dès 2013, puis 41 000 euros à partir de 2014) conduisait à un rationnement et à un tri des patients.

Avant l’élargissement de l’accès en 2017, et contre toute recommandation fondée sur des critères médicaux cherchant à contenir l’épidémie, le Sofosbuvir n’était remboursé par la Sécurité sociale qu’aux malades de l’hépatite C les plus gravement atteints. Étaient ainsi exclues les personnes infectées chroniquement à un stade moins avancé. Les prix exorbitants imposés par cette firme pour ce médicament ont notamment fait l’objet d’une enquête menée par le Sénat américain en 2015. En 2017, suite à l’affaire Sovaldi, la Cour des comptes a elle aussi critiqué la stratégie de fixation des prix par les industriels pharmaceutiques jugeant « dommageable » que l’Assurance Maladie, dont le déficit reste considérable, soit ainsi mise à contribution pour financer une « politique industrielle ».

À la suite de l’audience publique qui a eu lieu le jeudi 24 novembre 2022 dans le jugement de l’opposition au brevet du Sofosbuvir, formée par l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecins du monde, l’office européen des brevets a d’ailleurs confirmé la décision qui a affaibli un des brevets clés du Sofosbuvir, ce qui veut dire, par conséquent, que la firme pharmaceutique américaine Gilead a de fait violé les règles du brevet sur le Sofosbuvir, et a exigé de manière disproportionnée des fonds publics à partir d’une base juridique faible.

C’est une situation inacceptable dénoncée par de nombreux acteurs qui demandent que l’État prenne ses responsabilités et fasse usage de l’outil qui est à sa disposition pour réguler cet abus, en déclenchant une licence d’office sur ce médicament. Plus largement, les prix de l’innovation thérapeutique sont aujourd’hui une inquiétude pour la soutenabilité du budget de l’assurance maladie et pour notre système de santé en crise.

Il lui demande ce qu’il compte faire en ce sens et, face aux obstacles confrontés par les gouvernements successifs pour mobiliser cet outil juridique dans les cas des prix anormalement élevés de l’innovation thérapeutique, demande une expertise pour rendre les licences d’office effectives quand de tels enjeux se poseront de nouveau.

 

Question écrite n° 04162 : https://senateurscrce.fr/activite-des-senateurs/les-questions-au-gouvernement/les-questions-ecrites/article/declencher-une-licence-d-office-sur-ce-medicament-et-d-autres

La Grande Sécu : dernier jeu de mots du pouvoir macronien

Il y a 2 ans, le 1 février 2022

Par Pierre Laurent

Le mot de Pierre Laurent :
Ces derniers mois, une nouvelle offensive politique gouvernementale en vue de la présidentielle est passée presque inaperçue. Avec leur projet de « Grande Sécu », les macronistes réalisent un tour de force : précipiter la casse de notre système de protection sociale, tout en prétendant œuvrer pour son extension ! J’ai demandé au Dr Michel Limousin, spécialiste des enjeux de santé et protection sociale, de nous donner son point de vue sur les arguments à opposer à cette nouvelle escroquerie intellectuelle du « Président des ultra-riches ».

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La Grande Sécu : dernier jeu de mots du pouvoir macronien

par le Dr Michel Limousin*

 

L’art principal de Macron, c’est le glissement sémantique. Avec la proposition de « Grande Sécu », nous voici sur son terrain de jeu.

Les communistes depuis longtemps – ils ne sont pas les seuls – proposent un élargissement de la prise en charge des dépenses de santé des citoyens. C’est ce que nous appelons « le 100% Sécu ». Il s’agit que disparaissent non seulement tous les restes à charge des familles, mais encore que ce que financent les complémentaires soit intégré dans la prise en charge réalisée par l’Assurance maladie.

Cela signifie : disparition des tickets « modérateurs », disparition de toutes les petites taxes qui se sont ajoutées d’années en années sur les consultations et examens complémentaires, sur les hospitalisations même prises en charge en principe à 100%, disparition des honoraires libres et de tous les dépassements d’honoraires. Toutes ces sommes finissent par représenter plusieurs milliards d’euros à la charge des familles.

L’invraisemblable taxation des assurés sociaux passant aux urgences hospitalières depuis cette année est l’avatar le plus récent inventé par le gouvernement actuel. Dans la perspective du « 100% Sécu », les complémentaires mutuelles seraient intégrées à l’Assurance maladie : disparaitraient les frais de gestions de ces mutuelles, leurs frais de publicité et les personnels de ces mutuelles, pour la part « complémentaire » de leur activité seraient intégrés aux personnels de la Sécurité sociale.

On pourrait résumer ainsi la situation nouvelle : tout ce qui est prescrit sera payé intégralement par la Sécurité sociale via le Tiers payant. Il n’y aurait donc plus de cotisations mutualistes ou assurantielles pour les familles : cela constituerait une économie significative pour elles et particulièrement pour les personnes âgées qui voient leurs cotisations augmenter au fur et à mesure que l’âge avance et que les risques s’accroissent. En effet si le financement de la Sécurité sociale est assis sur les profits des entreprises, le financement des complémentaires est quant à lui, assis sur les revenus des ménages ou sur la valeur ajoutée des entreprises pour les conventions collectives. Il n’y aurait donc que la cotisation sociale qui n’est ni un salaire, ni un impôt, ni une prime mais une part des profits que se réapproprient les travailleurs et dont le montant est calculé à partir des salaires, pour répondre à leurs besoins.

Il y a deux raisons principales à cette proposition. La première est qu’une bonne couverture des dépenses de santé est favorable au bon développement général de la société. Elle participe au développement des capacités humaines. Avoir une population dont la santé est en quelque sorte garantie par un bon accès aux soins est un facteur de développement de toute la société y compris de son économie. Le financement par la cotisation prélevée sur les lieux mêmes de la création de richesses à savoir l’entreprise est de nature à booster cette richesse. Ce sont les humains qui créent la richesse et le capital, aussi indispensable soit-il, ne saurait accaparer la richesse produite au détriment de l’humain.

C’est bien parce que la Sécurité sociale a été créée à la Libération que les années qui ont suivi, ont connu un développement économique formidable. Le développement économique de la société en dépend. Il en est de même aujourd’hui. C’est donc une ambition révolutionnaire parce que la Sécurité sociale est un objet politique, pas un supplément d’âme de l’activité économique. Faire du « 100 % Sécu » un objectif politique, c’est poser que la Sécurité sociale est en soi une dynamique essentielle de la transformation sociale. Qu’elle n’est pas subordonnée à des conditions qui lui échappent (coût du travail, endettement public, croissance du PIB) et qui détermineraient son niveau et son périmètre d’application. Au contraire, la réponse aux besoins sociaux définit l’ensemble des conditions qui permettent une meilleure efficacité de la production.

La deuxième raison est que ce système où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins est la meilleure façon d’offrir à tous ce progrès en ouvrant des droits. La solidarité transgénérationnelle se met alors en place de même qu’une solidarité sociale : tous ont accès aux soins. Les systèmes des restes à charge et des cotisations complémentaires variables selon les risques sanitaires individuels vont à l’encontre de ce progrès. On voit bien qu’alors les inégalités sociales de santé, voire territoriales, se creusent lorsque la prise en charge diminue comme c’est le cas aujourd’hui.

Cette idée que nous avons avancée s’est développée dans la population et est devenue une aspiration très majoritaire. La crise de la Covid 19 depuis deux ans a montré la solidité des systèmes solidaires, leur efficacité malgré les politiques austéritaires accumulées depuis des années. Il y a une aspiration à une couverture universelle efficace. On a bien vu que ce ne sont pas les assurances complémentaires qui sont venues au secours des gens mais l’Assurance maladie. L’idée que la prise en charge complète favoriserait le gaspillage n’est plus opposée.

Le concept qui affirmait que les cotisations sociales sont des « charges » (donc charges insupportables) pour l’économie n’est plus crédible. Le capital doit en rabattre. Dans ces conditions nouvelles, la seule solution pour lui est de faire des propositions qui contournent le projet en ayant l’air de le soutenir. C’est le principe du glissement sémantique macronien : faire des propositions qui reprennent le vocabulaire mais qui détournent l’idée. C’est ici qu’apparaît la proposition de « Grande Sécu ».

En fait Macron reste sur la proposition avancée par les institutions internationales (Banque mondiale, FMI) à savoir les trois piliers : couverture publique obligatoire, couverture complémentaire obligatoire, sur-complémentaires volontaires. La proposition de « Grande Sécu » prétend regrouper les différents financements y compris les mutuelles et les institutions de prévoyance mais ne prendra en charge que la partie de base des soins. Le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) a planché sur le sujet : il déroule quatre scénarii différents de mise en œuvre de la réforme.

Le premier propose des réformes visant à répondre à certaines limites du système actuel, sans modifier son architecture. C’est un système de panier de soins qui se met en place, une solution proche de ce que défend le célèbre Professeur Grimaldi. Et le financement proposé est pour l’essentiel la fiscalisation mettant complètement la Sécurité sociale dans les mains de l’État (proposition proche de celle de Mélenchon). La perspective est la suppression de la cotisation sociale. Le deuxième instaure une assurance privée obligatoire, universelle et mutualisée. Le troisième, celui dit de la «Grande Sécu», augmente les taux de remboursement de la Sécurité sociale, supprime les tickets modérateurs et autres participations des patients. Enfin, la dernière piste est celle d’un décroisement des domaines d’intervention de la Sécurité sociale et des assurances privées.

Le HCAAM s’est également penché sur les améliorations de la couverture prévoyance, compatibles avec chaque scénario. En termes de financement, si le choix d’une nouvelle injection de produit de TVA est fait, la perspective d’un relèvement du taux normal est ouverte, la France n’étant pas au maximum des 25 % autorisés. Ce seront alors les familles qui paieront cet impôt le plus inégalitaire qui soit. Si cela passe par la CSG, il faudra bien constater une perte de recettes au niveau de l’impôt sur le revenu de par la déductibilité de ce supplément éventuel de contribution. Il faudra alors augmenter la fiscalité ou alors réduire les dépenses publiques. Si l’on reste sur la base de 22 Mds d’euros (chiffre évoqué en coût de la réforme), cela donne un peu plus de 11 % du produit net de la TVA attendu pour 2022 et deux points de CSG pour le moins puisque le rendement attendu de la contribution est de 133 Mds d’euros pour 2022.

Globalement dans les quatre scénarii proposés et singulièrement celui de « Grande Sécu », on se dirige vers moins de cotisations sociales et d’abord patronales, vers une étatisation complète de la Sécurité Sociale, vers un recul complet de la démocratie sociale (les salariés n’auront définitivement plus voix au chapitre), vers un recul de la couverture sociale, vers un transfert des dépenses sur les familles et vers des perspectives de privatisation du système social. Tout le contraire de ce qu’on peut souhaiter.

 

*Michel Limousin est membre de la Commission santé et protection sociale du PCF, rédacteur-en-chef des Cahiers de santé publique & de protection sociale.

Lettre ouverte aux candidats à la présidence de la République – Par André Grimaldi

Il y a 2 ans, le 8 décembre 2021

Par Pierre Laurent

Le mot de Pierre Laurent :
Alors que la pandémie repart de plus belle et qu’un inquiétant nouveau variant fait son apparition, l’hôpital public reste dramatiquement sous-doté. Les alertes des soignant·es ont été une fois de plus ignorées par le Gouvernement. A la veille de l’élection présidentielle, André Grimaldi, professionnel de santé engagé, interpelle les candidat·es et propose une série de mesures destinées à améliorer notre système de santé. Le débat est ouvert !

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Une santé égalitaire et solidaire est une valeur commune à l’idéal républicain et à l’éthique médicale. Mais depuis près de 50 ans, les divers gouvernements de droite et de gauche ont empilé les mesures visant à limiter les dépenses publiques de santé.

La question de la limitation des dépenses de santé, qu’on appelle par euphémisme « régulation », est en effet incontournable. Plutôt que continuer à faire le grand écart entre les promesses électorales et la pratique gouvernementale, il vaudrait sûrement mieux aborder la question de front.

La définition de la santé par l’OMS est non seulement l’absence de maladie mais un état de bien-être physique, psychologique et social. Autrement dit, le bonheur. Cette définition holistique signifie que la santé n’est pas réductible aux soins mais concerne également et plus encore, l’environnement, les conditions de vie, de formation et de travail… Mais elle peut aussi servir de justification à une approche réductrice : la médicalisation de la vie par le « panmédicalisme ». A chaque souci sa pilule !

Quoi qu’il en soit, elle signifie que les besoins de santé sont potentiellement illimités. On se souvient de la devise du docteur Knock « la bonne santé est un état précaire qui n’annonce rien de bon ». Elle fait sourire celui qui se croit solide comme le Pont-Neuf, mais inquiète l’hypochondriaque qui sommeille en chacun de nous. D’autant que les progrès dans l’exploration du corps humain notamment par l’imagerie (échographie, scanner, IRM) permettent aujourd’hui de dépister de façon totalement indolore des petites boules de découverte fortuite (des « fortuitomes ») à biopsier rapidement, à surveiller régulièrement ou à opérer sans tarder…

« Tout bien portant est un malade qui s’ignore » ajoutait le bon docteur Knock. C’est également ce que pensaient les partis de gauche et de droite, les syndicats médicaux et les gestionnaires de la Sécurité sociale qui pendant plus de 20 ans dans une belle unanimité ont resserré le numerus clausus. Eux aussi estimaient qu’« en santé c’est l’offre qui créée la demande » et qu’en conséquence, s’il y avait moins de médecins, il y auraient moins de malades ! Le nombre d’étudiants admis à suivre les études de médecine est ainsi passé de 8 500 par an dans les années 1970 à 3 500 dans les années 1990. La limitation des dépenses de santé est donc une question incontournable, quel que soit le gouvernement ou le régime en place.

Il existe trois façons de « réguler » les dépenses de santé :

1) la régulation par les professionnels appliquant la règle éthique du « juste soin pour le patient au moindre coût pour la collectivité » et par les citoyens usagers usant sans en abuser de la ressource consacrée collectivement par l’ensemble des citoyens à la santé. Cette ressource est en effet d’autant plus précieuse qu’elle n’est pas illimitée. Mais médecins comme patients se trouvent ici dans un conflit d’intérêts.

2) la régulation par le marché : les patients paient personnellement leur santé, soit directement de leur poche (le reste à charge) soit en adhérant volontairement à une des assurances privées concurrentielles, qu’elle soit mutualiste ou non. La couverture santé des assurés dépend alors du montant de la prime d’assurance plus ou moins élevé. Plus on paie, mieux on est couvert. Ce système augmente les inégalités sociales de santé. C’est largement le modèle américain à la fois très inégal et très cher.

3) la régulation par l‘Etat, fixant à la fois les recettes par les impôts et les dépenses. Ce modèle est beaucoup plus égalitaire mais il fait craindre le rationnement. Il peut même amener les très très riches à recourir à un système privé parallèle. C’est en grande partie le cas du système anglais.

Les fondateurs de la Sécurité sociale voulaient échapper à l’alternative entre privatisation et étatisation, en constituant un bien commun ayant des recettes propres sanctuarisées (les cotisations représentant la part socialisée du salaire) et une gestion autonome. Mais depuis les origines, c’est l’Etat qui fixe les recettes et les dépenses, et c’est donc lui qui a choisi en refusant d’augmenter les recettes de constituer le « trou de la Sécu ». A contrario du souhait des pères fondateurs, l’évolution de la Sécurité sociale s’est faite vers plus d’étatisation avec notamment deux décisions : en 2004 la nomination par le gouvernement et pour 5 ans du directeur général de la CNAM, et en 2018 la suppression de la sanctuarisation des recettes de la sécurité sociale dans lequel peut désormais piocher à sa guise l’Etat. Plus d’étatisation, mais aussi plus de privatisation, les soins courants (hors hospitalisation et affections de longue durée) étant de plus en plus mal remboursés par la Sécurité sociale.

La France, qui a un système de santé mixte public et privé, a utilisé les deux types de régulation, par le marché et par l’Etat. Par le marché : le forfait hospitalier, les franchises, la part croissante des assurances dites complémentaires pour les soins courants (en particulier le dentaire, l’optique et l’audition) et les dépassements d’honoraires du secteur 2. Par l’Etat : la limitation des tarifs du secteur 1 remboursés par la Sécu, le budget global hospitalier, l’objectif national des dépenses de santé (ONDAM), devenu à partir de 2010 un budget contraint grâce à la limitation drastique du budget des hôpitaux.

Quant à la régulation dite « médicale », revendiquée par les syndicats médicaux, elle n’a guère montré jusqu’à ce jour, son efficacité. Les syndicats, comme le Conseil de l’Ordre des médecins, défendent plutôt les intérêts corporatistes de leurs adhérents que la règle du juste soin pour le patient au moindre coût pour la collectivité.

Le paiement à l’acte en ville, comme la tarification à l’activité à l’hôpital, pousse à la multiplication des actes et des activités rentables pour les prescripteurs et les prestataires mais pas forcément utiles pour le patient et donc inutilement coûteux pour la Sécu. Et le patient plus ou moins anxieux tend à se comporter en consommateur grâce la complaisance de son médecin accédant à ses demandes de prescriptions, ne serait-ce que par peur de passer à côté de « quelque chose » ou par souci de satisfaire son client, d’autant qu’il a peu de temps à lui consacrer. Il est plus facile de prescrire que d’écouter, examiner et expliquer. Plus la consultation est courte, plus l’ordonnance est longue.

On estime ainsi à plus de 20% les prescriptions et les actes injustifiés avec une variation d’un territoire à l’autre, pouvant aller d’un à trois sans explication autre que l’offre de soins, qu’il s’agisse des poses de stents coronariens ou de pacemakers, ou d’opérations comme la chirurgie de l’obésité, les thyroïdectomies, les hystérectomies, les cholécystectomies, les canaux carpiens, les prostatectomies…. Un collègue gynécologue obstétricien avait pu déclarer de façon provocatrice lors d’un colloque: « qu’est-ce que l’utérus d’une femme ménopausée ? Réponse : un objet de T2A ! »

La nécessité d’une limitation des dépenses de santé est souvent défendue par la droite dénonçant le « pognon de dingue » dépensé par la France pour la santé. Consacrant à la santé 11% du PIB, nous sommes effectivement en 4ème position des pays de l’OCDE derrière les USA y consacrant 17% du PIB, la Suisse (12%), l’Allemagne (11,5%). Cependant en valeur absolue c’est-à-dire en dollars par habitant, en parité de pouvoir d’achat, nous ne sommes pas quatrième mais douzième. Nous dépensons 20% en moins que les Allemands.

Ceci dit, il est important de comparer les différents secteurs de dépense. Les médecins généralistes français gagnent 30% en moins que leurs collègues allemands. Grâce au Ségur nous sommes passés pour le salaire des infirmières de la honteuse 28ème place des pays de l’OCDE à la médiocre 16ème place derrière les pays frontaliers (Belgique, Allemagne, Luxembourg, Suisse et Espagne). Par contre, nous sommes 2ème derrière les USA en frais de gestion du système de santé et nous avons une médecine « sur-prescriptive » d’examens complémentaires, souvent inutiles et inutilement répétés, de médicaments princeps ou nouveaux plutôt que de génériques, d’actes chirurgicaux ou de médecine interventionnelle et de dispositifs médicaux innovants.

On dépense beaucoup pour la santé mais il serait sûrement justifié de dépenser plus encore, à la condition toutefois de limiter les gaspillages et de supprimer les rentes. Un plan d’action pour l’application du principe du juste soin pour le patient au moindre coût pour la Sécurité sociale, devrait comprendre plusieurs mesures :

1. Ainsi nous avons un double financeur – l’Assurance Maladie obligatoire (AMO) de la Sécu et les assurances complémentaires (AMC) – pour le même soin réalisé par le ou les mêmes soignants. En conséquence, nous payons deux fois les frais de gestion, sans aucun intérêt. Les mutuelles remboursent un soi-disant ticket modérateur de 20% pour l’hôpital et de 30% pour la ville, qui n’a jamais rien modéré par le fait même qu’il est remboursé. Les frais de gestion des assurances complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurances qui grignotent inexorablement le marché des mutuelles) sont de 7,6 milliards d’euros alors qu’elles remboursent 13% des soins tandis que l’AMO a 6,9 milliards de frais de gestion pour un taux de remboursement des soins de près de 80%. Il faut donc instaurer comme on l’a fait pendant la pandémie de COVID, une Sécu 100% avec des assurances supplémentaires pour ce qui ne relève pas de la solidarité.

La composition du large panier de prévention et de soin solidaire relève d’un débat de démocratie sanitaire impliquant les représentants des patients et des professionnels avant la validation par la représentation nationale, expression de la démocratie représentative. Plus besoin d’être obligé de souscrire à une assurance complémentaire pour avoir accès à des soins spécialisés, grâce au transfert à la Sécurité sociale des sommes versées aux mutuelles et aux complémentaires.

Les tarifs remboursés par la Sécurité sociale devront donc être revalorisés pour mettre fin au secteur 2 avec dépassements d’honoraires. Sur les 7,6 milliards économisés, une part serait consacrée à cette revalorisation ainsi qu’à l’amélioration des revenus des infirmières et des paramédicaux, une autre part pourrait être ristournée aux assurés. Un vrai Ségur de la Santé étalé sur plusieurs mois mettrait en place une grande négociation sur cette réévaluation des tarifs et sur la réforme de la gouvernance de la Sécurité sociale pour organiser sa cogestion entre l’Etat, les représentants des professionnels et les représentants des usagers. Mais pour des raisons historiques, la gauche politique et syndicale est très liée aux mutuelles et aux instituts de prévoyance dont la place a été renforcée par la décision de François Hollande de rendre l’assurance complémentaire obligatoire dans le secteur privé. Et la droite est liée aux compagnies d’assurance.

2. Une deuxième façon de réduire la rente sur le dos de la Sécu serait de revenir sur cette décision aberrante de calculer le prix des médicaments et des dispositifs innovants non plus en fonction du coût de la recherche et développement mais en fonction du service médical rendu en déterminant le prix d’une année de vie en bonne santé. Ainsi justifie-t-on les prix exorbitants des bio-médicaments. A ce compte quel aurait dû être le prix lors de leurs découvertes de la pénicilline, des antituberculeux, de l’insuline, du vaccin de la poliomyélite ? La difficulté tient au fait que Big Pharma joue de la concurrence entre les pays, comme on l’a vu pour les vaccins contre le COVID. Au moins faut-il exiger la transparence des coûts tout au long de la chaîne de recherche, de production et de développement, sachant que de nos jours l’essentiel de la recherche initiale innovante (comme l’ARN messager) émane des centres de recherche publique.

Il faut exiger pour les médicaments vitaux des prix « raisonnables » en menaçant les industriels de recourir à la licence d’office avec levée des brevets. Les vaccins et les antiviraux contre la COVID 19 devraient être des biens publics mondiaux avec suspension du brevet. Il s’agit d’un combat international mais il est possible à l’échelle nationale de prendre un certain nombre de mesures telle que l’interdiction du marketing pour les médicaments et dispositifs médicaux pour laquelle l’industrie dépense plus que pour la recherche. La pandémie a bien montré que les soignants n’ont pas besoin pour être informés des visiteurs médicaux payés par l’industrie. Une taxe devrait être prélevée sur les dividendes versés par l’industrie aux actionnaires pour financer la formation continue des soignants organisée en toute indépendance de l’industrie.

Enfin il est inadmissible que la production de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, tombés dans le domaine public, soit délocalisée, parce que ces médicaments anciens sont jugés pas assez rentables par l’industrie. C’est ainsi qu’on enregistre d’une année sur l’autre de plus en plus de ruptures d’approvisionnement en médicaments essentiels (1 200 en 2019 et 2 000 en 2020), ruptures comportant des risques pour les patients. Il faut exiger des industriels d’avoir au moins quatre mois de stock, et construire un établissement public à but non lucratif produisant des génériques à l’échelle nationale et européenne.

3. Une grande politique volontariste doit être mise en place pour améliorer de façon continue la pertinence des actes et des prescriptions. Elle doit s’appuyer sur les données massives de santé émanant de l’hôpital, de la médecine de ville et de la Sécurité sociale. Les résultats nationaux doivent être comparés aux données d’autres pays développés notamment européens. Cette politique devrait mobiliser l’ensemble des acteurs, syndicats de médecins et de paramédicaux, sociétés savantes, HAS, enseignants en médecine, associations de patients, médecins conseils de la Sécurité sociale aboutissant à des accords sur ce qu’il y a lieu de faire et de ne pas faire. Elle doit donner lieu à des études de recherche et à des communications dans les congrès médicaux. Elle doit être intégrée à la formation initiale et post universitaire et être complétée par des campagnes grand public sur le modèle « un antibiotique, ce n’est pas automatique ». L’amélioration de la pertinence des soins suppose de revenir sur le paiement à l’acte et sur la T2A pour les pathologies chroniques qui poussent à la multiplication des actes inutiles et des hospitalisations non justifiées.

Le paiement à l’acte et la T2A doivent être remplacés pour le suivi des patients atteints de maladies chroniques par des forfaits ou un paiement à la capitation ou une dotation annuelle populationnelle modulée en fonction de l’évolution de l’activité et du degré de précarité des populations prises en charge.

Cette politique permanente pour l’amélioration de la pertinence des soins est une condition pour exiger que l’ONDAM redevienne ce qu’il était à l’origine, c’est-à-dire un objectif à atteindre et non un budget contraint indépassable grâce à une mise en réserve systématique en début d’exercice de plusieurs centaines de millions d’euros et d’une politique du rabot imposant une baisse automatique des tarifs payés par la Sécurité sociale aux hôpitaux quand l’activité augmente afin de maintenir un jeu à somme nulle. La régulation des dépenses de santé doit se faire à posteriori et non a priori comme l’a une fois encore démontré la pandémie.

Pour garantir une santé égalitaire et solidaire, il faut donc en finir avec l’austérité mais aussi réduire les gaspillages et supprimer les rentes.

André Grimaldi
Professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié-Salpêtrière
Auteur du Manifeste pour la Santé 2022, aux éditions Odile Jacob.

Organisation de la profession de gynécologue médical – Un rééquilibrage nécessaire

Il y a 2 ans, le 18 octobre 2021

Par Pierre Laurent

J’ai attiré l’attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur les changements intervenus dans l’organisation de la profession de gynécologue médical avec les nouvelles compétences reconnues au conseil national professionnel (CNP). Si après des années de mobilisation de nombreuses femmes et d’une multitude d’autres acteurs obtenant la création du diplôme d’études […]

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J’ai attiré l’attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur les changements intervenus dans l’organisation de la profession de gynécologue médical avec les nouvelles compétences reconnues au conseil national professionnel (CNP).

Si après des années de mobilisation de nombreuses femmes et d’une multitude d’autres acteurs obtenant la création du diplôme d’études supérieures (DES) de gynécologie médicale, quelques avancées en matière de création de postes d’internes de gynécologues médicaux ont été obtenues, une forte inquiétude se fait jour au sujet du CNP gynécologie obstétrique-gynécologie médicale.

Dans ce CNP commun, la gynécologie médicale se retrouve à occuper une place mineure, privée de toute liberté de décision la concernant. Par exemple, la demande de rééquilibrage exprimée par M. le ministre des solidarités et de la santé lui-même le 11 mars 2020 au président du CNP, n’a pas été satisfaite.

Il n’y a toujours au sein du CNP aucun représentant au titre du collège national des enseignants de gynécologie médicale.
Je lui ai demandé ce qu’il compte faire en vue de remédier à cette situation préjudiciable

Retraites : tous concernés, tous mobilisés !

Il y a 2 ans, le 30 septembre 2021

Par Pierre Laurent

Mardi 5 octobre, 8 organisations syndicales appellent à la mobilisation pour les salaires, l’emploi, les conditions de travail et d’études. Mais avant cela, ce vendredi 1er octobre, ce sont les retraité·es qui battent le pavé dans tout le pays. Leur lutte est juste et nécessaire et nous serions bien avisé·es de les soutenir. Voici pourquoi.

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Macron et la droite maltraitent les retraité·es

Dès le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, les retraité·es ont été désigné·es comme privilégié·es, et donc comme cibles prioritaires de ses « réformes ». Souvenons-nous, c’était à l’automne 2017 : la majorité macroniste faisait adopter au forceps une hausse de 1,7% de CSG sur les retraites. Fort heureusement la forte mobilisation tout au long de l’année 2018 avait permis de faire reculer le Gouvernement : cette mesure inique fut annulée dès le 1er janvier 2019.

Ce recul tactique imposé à M. Macron n’a pas empêché de nouvelles attaques tout au long du mandat. Pensons à la dangereuse réforme des retraites instituant le système à points, qui n’a été abandonnée temporairement qu’en raison de la pandémie mondiale de Covid-19. Par ailleurs, le projet d’alignement du taux de CSG des retraité·es sur celui des actifs reste en discussion au Gouvernement, tout comme l’idée de réduire l’abattement fiscal de 10% accordé aux plus de 65 ans ou invalides.

En attendant, le quotidien des retraité·es continue à se dégrader. L’effet des réformes votées par la droite lorsqu’elle était au pouvoir se fait cruellement sentir, et ça n’est pas près de s’arranger… La revalorisation des pensions en 2021 (+0,4% pour la retraite de base, +1% pour les complémentaires) reste en complet décalage avec l’augmentation des prix. Dans ce contexte, les retraité·es ont mille fois raison de manifester, de revendiquer pour gagner le respect de leurs droits après toute une vie au travail.

Protection sociale : le hold-up du siècle

Il faut bien comprendre la portée civilisationnelle des reculs imposés par la droite puis Macron. Depuis des décennies, les capitalistes rêvent de démolir la retraite par répartition (basée sur la solidarité directe des actifs envers les retraité·es, transitant par la Sécurité sociale) pour faire advenir la retraite par capitalisation (chacun épargne pour son propre compte, auprès d’assurances privées).

En effet, l’enjeu est considérable : l’assurance Vieillesse, cela représente plus de 200 milliards d’euros de dépenses chaque année. Confrontés à la crise du capitalisme depuis 2008, les grands groupes financiers ont à maintenir à tout prix leur taux de profit, en cherchant sans cesse de nouveaux marchés à s’approprier. En ce sens, les retraites représentent une manne financière inespérée, une source de profits colossale. Et pour cause : avec le système répartition, l’assuré récupère en moyenne l’équivalent en pensions de 97% des cotisations versées au cours de sa vie… contre 75% avec les assurances privées, dans le régime par capitalisation. 25% de marge, voilà qui en fait rêver plus d’un.

Malheureusement, les grands groupes financiers sont en passe de réussir ce hold-up du siècle. Réforme après réforme, ils ont abîmé la confiance que les Français·es portent au système de retraites. Ainsi selon le sondage Odoxa publié cette semaine, 59% de nos concitoyen·nes n’ont pas confiance dans le système de retraites, un chiffre en augmentation. L’immense majorité des jeunes se voit partir en retraite « bien plus tard qu’ils ne le souhaiteraient ». Conséquence logique, les Français·es épargnent de plus en plus (220 euros par mois en moyenne), et de plus en plus tôt (dès 34 ans en moyenne). Soutenir la mobilisation des retraité·es, c’est donc agir pour renverser la vapeur, pour protéger et conforter notre système solidaire de retraite.

Le combat continue, dans la rue et au Parlement

A travers la question des retraites, c’est un aussi vrai projet d’émancipation que nous pouvons porter. Toujours dans cette étude d’Odoxa, 52% des actifs (dont 67% des plus de 50 ans) attendent leur retraite, comme un moment de liberté et de bonheur. La retraite, en tant que droit conquis par nos aîné·es, c’est cette période de la vie consacrée au repos, aux loisirs, à l’investissement associatif ou familial… C’est ce temps libéré de la tutelle patronale, dans lequel chacun·e peut librement réaliser ses projets. C’est cette conception de la retraite que nous devons faire gagner, par nos mobilisations sociales mais aussi électorales.

Ensemble, portons l’urgence d’augmenter les retraites et les pensions, en les indexant sur le salaire moyen, et finissons-en avec toute retraite inférieure au SMIC. Défendons la retraite à 60 ans à taux plein, financée par la hausse des cotisations et donc des salaires, une mesure juste et nécessaire à la fois pour vivre en meilleure santé, laisser la place aux jeunes et accompagner la relance écologique de notre économie.

Ces choix de société, les communistes les défendront lors des élections présidentielle et législatives de 2022, en cherchant toujours à rassembler largement pour l’intérêt général. Avant cela, nos parlementaires seront à pied d’œuvre dans les prochaines semaines, lors des débats sur les budgets de la Sécurité sociale et de l’Etat. Pour donner du poids à ces idées de progrès, soyons très nombreux dans les rues, ce vendredi 1er octobre aux côtés des retraité·es !

Insuffisance des moyens affectés à l’évolution professionnelle des personnels hospitaliers – L’urgence est à des moyens suffisants !

Il y a 2 ans, le 18 juin 2021

Par Pierre Laurent

J’ai attiré l’attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur l’insuffisance des moyens affectés à l’évolution professionnelle des personnels hospitaliers.

GARDONS LE CONTACT

Alors que l’hémorragie des personnels exténués par la situation créée par la pandémie et le manque de moyens se poursuit, nombre d’agents déjà en poste et ayant brillamment obtenu leurs examens ne sont recrutés et pris en charge par les organismes de formation compétents.

Pourtant rien qu’à l’assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) 500 postes sont vacants, dont 400 d’infirmières.

Cette situation est d’autant plus préjudiciable que la promotion professionnelle permet d’endiguer la fuite du personnel, d’avoir des soignants expérimentés et de rouvrir des lits fermés à cause du sous-effectif.

Le Ségur de la santé avait pourtant incité les professionnels de santé à se former, en faisant notamment « de la promotion professionnelle tout au long de la carrière un facteur d’attractivité et de fidélisation ».

Force est de constater que la réalité est en contradiction avec les objectifs énoncés notamment parce que les moyens attribués aux formations subventionnées sont très insuffisants.

Au vu de la gravité de la situation en général engendrée par le manque de moyens et par l’évolution incertaine de la pandémie en particulier, il est vital que l’État débloque d’urgence des moyens suffisants en vue de pourvoir à l’évolution professionnelle des personnels hospitaliers.

Je lui ai demandé ce qu’il compte faire en ce sens.

 

Covid-19 : en pleine seconde vague, Martin Hirsch choisit de fermer les urgences de l’Hôtel Dieu !

Il y a 3 ans, le 3 novembre 2020

Par Pierre Laurent

Le gouvernement a instauré un re-confinement, pour faire face à une seconde vague de la COVID-19, afin d’éviter une saturation des services du fait d’un manque criant de nos capacités hospitalières. Cet aveu d’échec devrait conduire Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP à renforcer les moyens et certainement pas à fermer les services des urgences de l’Hôtel-Dieu, hôpital de proximité par excellence, situé au centre de Paris !

GARDONS LE CONTACT

Cette décision aberrante n’aidera en rien à la prise en charge des patient·es COVID et non COVID. Brandir l’argument d’une meilleure répartition des personnels paramédicaux est un faux prétexte.

L’hôpital Hôtel-Dieu de Paris, avec ses Urgences, est en capacité d’accueillir des patient·es atteints du coronavirus, de les évaluer, de les prendre en charge et de les hospitaliser si nécessaire. Il dispose de moyens humains compétents et techniques (scanner H24) à même
de prendre en charge des patient·es dits « intermédiaires » (trop fragiles pour les renvoyer à domicile mais nécessitant une surveillance et/ou oxygénothérapie).

Les lits de cet hôpital sont indispensables également pour laisser libres ceux des autres services de soins et libérer ceux de réanimation pour les malades ne nécessitant plus de soins intensifs (soins de suite de réanimation).
De plus, il est impératif de désengorger et laisser libres les unités des autres hôpitaux qui doivent continuer à recevoir les patients hors COVID (cancérologie, pneumologie, urologie…) comme le rappelle le Conseil de l’Ordre des médecins.
Tous les témoignages des professionnels le prouvent, les déprogrammations de la première vague ont été dramatiques avec des pertes de chance majeures.

En pleine crise sanitaire et en nouveau risque d’attentat terroriste, l’heure est à l’ouverture de lits et de services ! La décision de l’AP-HP de fermer les urgences de l’Hôtel Dieu le 4 novembre prochain est inacceptable et sonne comme une provocation pour toutes celles et tous ceux qui se battent pour l’avenir de cet établissement.

C’est pourquoi, aux côtés d’élu·es locaux, nous nous rendrons le 6 novembre prochain, sur place, pour constater le nombre de chambres et locaux disponibles et non utilisés, dénoncer ce gâchis en ces temps de manque de lits et de capacités hospitalières.

En lien avec la CGT et des soignant·es, nous souhaitons montrer toute la pertinence de maintenir et développer l’Hôtel Dieu, hôpital au cœur de Paris avec des salles d’hospitalisation ouvrables immédiatement et des circuits de fluide (oxygène) opérationnels pour les unités de soins.

Laurence Cohen
Sénatrice du Val-de-Marne

Pierre Laurent
Sénateur de Paris

20 mai : Journée mondiale des abeilles

Il y a 3 ans, le 20 mai 2020

Par Pierre Laurent

Sans les insectes pollinisateurs, la plupart de nos fruits et légumes ne pourraient pas être cultivés. 80% des espèces végétales et 84 % des espèces cultivées en Europe dépendent directement de la pollinisation.

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Les pollinisateurs ont un taux d’extinction qui est aujourd’hui de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale. Environ 35 % des pollinisateurs invertébrés, en particulier les abeilles et les papillons, et environ 17 % des pollinisateurs vertébrés, tels que les chauves-souris, sont aujourd’hui menacés d’extinction.

Si cette tendance se poursuit, les cultures nutritives telles que les fruits, les noix et autres légumes se verront remplacées par des cultures vivrières comme le riz, le maïs et les pommes de terre, favorisant ainsi des régimes alimentaires déséquilibrés.

Les pratiques agricoles intensives, la monoculture, le recours aux pesticides, les effets des changements climatiques (comme la hausse des températures, la multiplication des sécheresses, les inondations et les perturbations des saisons de floraison), le changement d’affectation des terres, figurent parmi les principales menaces pesant sur les abeilles et les autres pollinisateurs

Les Nations Unies ont créé cette journée mondiale des abeilles pour attirer l’attention sur l’effondrement des populations d’abeilles ! Nous pouvons agir concrètement en offrant aux pollinisateurs des espaces de fleurs source de biodiversité.

Aujourd’hui, on fait le Buzzz pour les abeilles.
On s’engage pour la préservation de la biodiversité !

Ce déconfinement est organisé dans une grande confusion

Mais le gouvernement persiste et n’envisage pas de changer de méthode.
Mon intervention  lors de l’examen du projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire de lundi 3 mai

Des instants de vérité

Il y a 3 ans, le 5 mai 2020

Par Pierre Laurent

Puisqu’on parle de vérité, le 1er mai fut celui où un secrétaire d’Etat, dont l’histoire ne retiendra pas le nom, a osé dire « que les conditions dans lesquelles les Français pourront prendre des vacances dépendront de leurs efforts ».

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Cette phrase sent trop le mépris de classe d’un représentant politique d’un patronat qui, à aucun moment de son histoire, n’a accepté des droits nouveaux pour les travailleurs, que ce soit la durée du travail, journalier ou hebdomadaire, les congés payés, les créations solidaires comme celle de la sécurité sociale…

Elle révèle trop leur désir de poursuivre ce que Marx appelait déjà les « eaux glacés du calcul égoïste », de « profiter » de ce drame collectif pour accélérer les fractures libérales : droits des travailleurs réduits au nom de l’ « union sacrée », aggravation des conditions de travail, au nom d’une relance économique dont les salarié·e·s de ce pays seraient les premiers sacrifié·e·s.

Les Français·e·s, confiné·e·s depuis le 17 mars, sont dans l’effort et dans la solidarité. Ils sont dans le commun partagé.

Les vacances, au-delà des conditions sanitaires dans lesquelles elles pourront se tenir, ne dépendent pas de leurs efforts. Elles sont un droit, dont beaucoup d’entre elles et eux, qui souffrent aujourd’hui, sont déjà trop souvent privé·e·s, même dans les périodes où le Covid-19 ne sévit pas.

C’est aussi cela qui s’est exprimé en ce magnifique 1er mai.

J’ai l’intuition que des vérités sont en train de sortir du puits dans lequel certains ont voulu les enfouir depuis des décennies.

La bataille idéologique pour les rendre à la lumière sera intense. Chacun·e devra en être acteur·rice.
Mais nous changeons d’époque. J’ai confiance.
Le 1er mai 2020 renforce cette confiance.