Le matin du dimanche 16 octobre à Paris, je participais au nom du Parti Communiste Français et de ses parlementaires à l’hommage solennel rendu à Samuel Paty par les forces de la NUPES. Voici l’allocution que j’y ai prononcée.
Hommage à Samuel Paty – 16 octobre 2022 – Allocution de Pierre Laurent
L’hommage que nous rendons aujourd’hui à Samuel Paty, deux ans jour pour jour après son lâche assassinat, après ceux rendus ces jours-ci dans des centaines d’établissements scolaires et ici même à la Sorbonne par l’association nationale des professeurs d’histoire-géographie en présence du ministre de l’Éducation nationale Pap N’diaye, est l’hommage que nous devons à un homme qui faisait tout simplement son métier, éduquer, et participait ainsi à l’inlassable combat mené dans la République pour la liberté et l’égalité.
La liberté, l’égalité, le savoir partagé, c’est ce que visait le bras d’un jeune fanatique armé par l’obscurantisme islamiste quand il a tué Samuel Paty à la sortie de son collège.
« Enseigner, c’est expliquer et non se taire », a déclaré hier Michaëlle Paty, la sœur de l’enseignant. Oui, deux ans après il ne faut toujours pas se taire, et dire haut et fort, en rendant hommage à Samuel Paty, notre soutien plein et entier aux enseignants de notre pays, notre soutien à l’école de la République, qui ont tant besoin de moyens et de respect pour leur métier.
Dire haut et fort aux enfants de notre pays qu’ils sont libres d’apprendre, et qu’ils et elles seront ainsi des femmes et des hommes libres.
Dire haut et fort que notre hommage va droit à toutes les femmes et hommes qui, ici et dans le monde, sont les victimes d’interdits archaïques, religieux et non-religieux, d’oppressions inacceptables.
L’éducation est partout dans le monde au cœur de ce combat. Je n’oublie pas le sens que les collègues et amis de Samuel Paty ont donné, ici il y a deux ans dans la cour de la Sorbonne, à l’hommage national à leur ami, auquel j’assistais. En lisant la lettre aux instituteurs de Jean Jaurès, ils ont rappelé la force du savoir et de la transmission, et la confiance qu’il convient d’avoir dans l’intelligence humaine. « Si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler » écrivait Jaurès, n’oubliez pas que les enfants « seront citoyens et qu’ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la Nation ».
C’est ce libre choix, cette éducation à la libre conscience que Samuel Paty a injustement payé de sa vie, comme avant lui l’équipe de Charlie ou les victimes du Bataclan, comme tant d’autres aujourd’hui dans le monde.
La liberté de conscience, philosophique, politique, religieuse pour chacune et chacun, pour garantir la pleine égalité d’accès aux droits de toutes et tous, voilà les deux piliers indissociables des fondements laïques de notre République. La laïcité est aujourd’hui doublement attaquée, par ceux qui menacent la liberté de conscience, comme par ceux qui en dénaturent le sens pour miner la promesse d’égalité contre toutes les haines et les divisions. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit toujours de rouvrir la voie à la domination d’une partie de la société et de l’humanité sur l’autre.
Nous voulons transmettre les principes de la République pour l’exact inverse : la réalisation pleine et entière de l’Humanité dont Jaurès fixait l’objectif en nommant son journal du même nom. Voilà pourquoi la lutte contre tous les racismes, contre l’antisémitisme, contre les musulmans, contre toutes les haines, la lutte des femmes pour leur totale égalité, la lutte contre toutes les injustices, tous combats aux fondements de la gauche, sont constitutifs du combat de toute la société pour la liberté, l’égalité, la fraternité, et la laïcité qui les garantit.
C’est pour transmettre le savoir qui est le cœur battant de l’égalité que Samuel Paty voulait vivre, et c’est pour cela que nous l’honorons aujourd’hui.
Seul le prononcé fait foi