#HISTOIRE

27 janvier – Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

Classement en monument historique de la basilique du Sacré-Coeur – Une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays

Il y a 3 ans, le 16 octobre 2020

Par Pierre Laurent

  J’ai attiré l’attention de Mme Bachelot, ministre de la culture sur le classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur à Paris en 2021. Une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Elle souhaitait […]

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J’ai attiré l’attention de Mme Bachelot, ministre de la culture sur le classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur à Paris en 2021.

Une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Elle souhaitait notamment que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ainsi que soient réhabilitées les victimes de la répression de la Commune de Paris.

Le classement comme monument historique du Sacré Cœur, symbole s’il en est de cette répression et du retour au pouvoir des forces les plus réactionnaires, ne peut qu’être perçu comme contradictoire avec cette logique.

Il apparaît aux yeux de beaucoup comme une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays.

C’est pourquoi, je lui ai demandé ce qu’elle compte faire en vue d’une annulation de cette mesure.
Je lui ai demandé également d’agir pour qu’une station du métro parisien soit nommée « Commune de Paris-1871 ».

Réglementation concernant la communication des archives – La recherche historique ne doit pas être entravée

Il y a 4 ans, le 20 février 2020

Par Pierre Laurent

J’ai attiré l’attention de Mme la ministre des armées sur les conséquences néfastes d’une application débridée de l’instruction générale interministérielle 1300 (IGI 1 300) de 2011.

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Celle-ci consiste à soumettre d’innombrables documents tamponnés « secret » de la période 1940-1970, jusqu’ici accessibles librement, à une procédure de déclassement longue et fastidieuse. Elle provoque de ce fait une paralysie du service concerné. Elle entraîne aussi des délais de communication très longs, voire l’impossibilité d’accéder à des archives pourtant communicables de plein droit selon le code du patrimoine.

Les chercheurs usagers des archives publiques françaises, en particulier du service historique de la défense, sont depuis peu dans l’impossibilité de consulter des documents postérieurs à 1940 qui devraient être accessibles selon la loi, au prétexte qu’ils ont été tamponnés « secret » lors de leur production. Cela concerne notamment toutes les pratiques opérées dans les terres alors colonisées par la France.

Cette restriction qui, au mieux, ralentit de plusieurs mois ou années les travaux et, au pire, les rend impossibles, représente un péril majeur pour la recherche de la vérité, fondement de la recherche historique et, de plus, une atteinte très sérieuse à la réputation internationale de la France en ce domaine. L’application débridée de l’IGI 1300 introduit dans les faits un régime plus restrictif que celui qui prévalait antérieurement et notamment depuis la loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008 relative aux archives, et parfois même un blocage de fait des communications de documents de la période 1940-1970.

En outre elle criminaliserait toute personne qui divulguerait des informations contenues dans des archives estampillées « secret défense » qui depuis des années voire des décennies ont été massivement communiquées.

Pour toutes ces raisons, de nombreux acteurs, dont un collectif de douze historiens de divers pays, expriment une vive inquiétude et demandent à ce que l’IGI 1300 et ses modalités d’application soient réexaminées. Je lui ai demandé ce qu’elle compte faire en vue de prendre des mesures en ce sens.

Il y a 75 ans, Auschwitz est libéré

Il y a 4 ans, le 23 janvier 2020

Par Pierre Laurent

Auschwitz a été libéré il y a 75 ans. Ce nom résonne toujours en nous comme le symbole de l’horreur absolue d’un génocide qui fit des millions de victimes juives, tziganes, handicapés, homosexuels, russes, enfants, hommes et femmes, des communistes, des croyants ou non, des résistant.e.s.

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« Lorsque vous reviendrez car il faut revenir
Il y aura des fleurs tant que vous en voudrez
Il y aura des fleurs couleur de l’avenir
Il y aura des fleurs lorsque vous reviendrez

Vous prendrez votre place où les clartés sont douces
Les enfants baiseront vos mains martyrisées
Et tout à vos pieds las redeviendra de mousse
Musique à votre cœur calme où vous reposer »

C’est par ces vers qu’Aragon évoquait l’enfer des camps nazis et la libération des martyrs.

Celles et ceux qui ne sont pas revenues de la nuit et du brouillard…
Toutes et tous sont dans nos cœurs, toutes et tous sont, face à l’inhumain, dans le coeur de l’Humanité…
Toutes et tous nous accompagnent, en ce jour anniversaire comme chaque jour, dans notre combat pour une humanité libérée d’une barbarie qui frappe encore, pour la paix, la liberté, la fraternité…

« Les femmes, les enfants ont les mêmes roses rouges dans les yeux. ».
« Nous allons ouvrir ensemble le dernier bourgeon de l’avenir  »

ENLEVEMENT ET DISPARITION DE MEHDI BEN BARKA – Le Blog des invités de Mediapart

Il y a 4 ans, le 28 octobre 2019

Par Pierre Laurent

54 ans après, les circonstances de la mort de Mehdi Ben Barka ne sont toujours pas élucidées. Aussi bien du côté marocain que français, l’obstacle principal à l’établissement de toute la lumière reste la raison d’Etat érigée en principe intangible. Des personnalités des deux pays demandent aux États d’assumer leurs responsabilités afin que la vérité soit enfin établie et appellent à un rassemblement le 29 octobre.

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Le 29 octobre 1965 Mehdi Ben Barka est interpellé devant la brasserie Lipp à Paris par deux policiers français. A ce jour, la vérité n’a toujours pas été faite sur les conditions exactes de la disparition de l’un des principaux responsables de l’opposition marocaine et symbole du mouvement international de la solidarité des peuples du tiers-monde.

Ce crime a suscité et continue de susciter une très forte émotion, tant au Maroc qu’en France. Si les responsabilités politiques marocaines à l’origine de l’enlèvement ont pu être établies, si les complicités françaises au niveau des services de renseignements et de police sont reconnues et si les autres implications internationales sont avérées, les circonstances de la mort de Mehdi Ben Barka ne sont toujours pas élucidées et sa sépulture reste inconnue de sa famille.

Depuis octobre 1975, une instruction judiciaire pour assassinat, tentative d’assassinat et complicité est en cours au palais de Justice de Paris. Dix juges se sont succédé sur le dossier sans parvenir à apporter des réponses cruciales pour la veuve de Mehdi Ben Barka, ses enfants, ses proches et leur avocat Me Buttin qui entendent connaître la vérité, et, pouvoir, enfin, faire leur deuil.

Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après les faits, l’obstacle principal à l’établissement de toute la lumière reste la raison d’Etat(s) érigée en principe intangible des deux côtés de la Méditerranée face aux exigences de justice et de vérité due à la famille de Mehdi Ben Barka et de l’hommage à sa mémoire. Aussi bien du côté marocain que sans doute du côté français, des témoins en possession d’une part de vérité sont encore en vie, les archives pouvant apporter des réponses doivent encore exister. Mais, les autorités judiciaires marocaines refusent de coopérer pleinement avec les juges d’instruction français en charge du dossier – en exécutant en particulier la Commission Rogatoire Internationale adressée au Maroc depuis septembre 2003, renouvelée au printemps 2005, voici donc près de quinze ans ! Mais les autorités politiques françaises refusent la levée du secret-défense sur la totalité des documents relatifs à l’affaire. Le ministère de la défense refuse même de répondre à la requête du juge d’instruction en charge du dossier de saisir de nouveau la Commission de secret de défense nationale.

Nous ne saurions croire que, en agissant ainsi, les responsables politiques français et marocains pensent pouvoir décourager le juge d’instruction et le pousser à clôturer le dossier. Ce serait ajouter le déni de justice à la douleur et à l’attente de la famille de Mehdi Ben Barka.

Cette situation de blocage est humainement insupportable et politiquement inacceptable. Deux nations comme la France et le Maroc ne doivent pas et ne peuvent plus user d’inertie et de subterfuges pour empêcher le déroulement normal de la justice. Elles se grandiraient en assumant pleinement leurs responsabilités pour que la vérité soit établie et que justice se fasse.

En octobre 2015, à l’occasion d’une cérémonie de commémoration du cinquantième anniversaire de la disparition de Mehdi Ben Barka organisée à Rabat, à laquelle le Roi du Maroc avait souhaité s’associer par un message, il écrivait : « (…) Et bien que cet anniversaire vienne à un moment où de nombreuses questions restent sans réponse, Nous avons tenu à partager avec vous cet événement, sans inhibition ni complexe par rapport à cette affaire, et en témoignage de l’estime dont il jouit auprès de Nous et des Marocains. »

Chacun se rappelle la déclaration faite par le Président Emmanuel Macron lors de sa visite au Burkina Faso le 28 novembre 2017 : « J’ai pris la décision que tous les documents produits par des administrations françaises pendant le régime de Sankara et après son assassinat, … couvertes par le secret de défense nationale soient déclassifiés et consultés en réponse aux demandes de la justice burkinabè ».

Le 13 septembre 2018, après avoir reconnu la responsabilité de l’Etat français dans la disparition de Maurice Audin, et que sa mort a été « rendue possible par un système légalement institué », le Président français ajoutait : « (…) il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité sur ce sujet. ». En conséquence « le Président de la République souhaite que toutes les archives de l’Etat qui concernent les disparus de la guerre d’Algérie puissent être librement consultées et qu’une dérogation générale soit instituée en ce sens. »

Les familles des victimes et l’opinion ont accueilli favorablement ces avancées. Alors Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’affaire Ben Barka, plus d’un demi-siècle après les faits ?

Le temps est venu pour que les plus hautes autorités du Maroc et de la France fassent les gestes justes, prennent les décisions nécessaires et des mesures concrètes qui permettraient d’y parvenir afin que cette affaire sorte de l’impasse dans laquelle elle s’enlise.

Les signataires

Jean-Marie Delarue, Président CNCDH
Henri Leclerc, Président d’honneur LDH
Jean Ziegler, Vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Laila Shahid, Ancienne ambassadrice de Paletine en France et en Europe
René Gallissot, Historien
Elisabeth Borrel
Fabienne Boulin Burgeat
Gustave Massiah, Membre du conseil international du Forum Social Mondial
†Henryane de Chaponay
Pierre Joxe, Magistrat honoraire
Mgr Jacques Gaillot, Evêque de Partenia
Nils Andersson, Editeur
Patrick Baudouin, Président d’honneur FIDH
Renée Le Mignot, Co-présidente du MRAP
Malik Salemkour, Président de la LDH
Marie-Claude Vignaud Al Hamchari
Pierre Audin
Mariam Sankara, Veuve de Thomas Sankara
Jean-Jacques Patrice Lumumba, Petit neveu de Patrice Lumumba, Plate-forme panafricaine de lutte contre la corruption
Lotfi Ben Youssef, Médecin, Tunisie
Pierre Mansat, Président de l’association Maurice Audin
Benjamin Stora, Historien
Patrice Leclerc, Maire de Gennevilliers
Mohammed Berrada, Ecrivain marocain
Abdellatif Laabi, Ecrivain
Simone Bitton, Cinéaste
Roger Ferrari, Syndicaliste
Gilles Manceron, Historien
Serge Leperon, Cinéaste
Mustapha Majdi, Secrétaire du Comité pour la vérité Ben Barka
Fabien Roussel, Député, secrétaire national du PCF
Martial Bourquin, Sénateur du Doubs
Pierre Laurent, Sénateur de Paris
Clémentine Autain, Députée LFI
Emmanuel Decaux, Professeur émérite
Bertrand Warusfel, Professeur à l’Université Paris 8, avocat
Philippe Texier, Magistrat honoraire.
Erica Deuber Ziegler, Historienne de l’art
Tewfik Allal, Coordinateur de ACDA
Etienne Balibar, Philosophe
Solange Barberousse, Universitaire
Huguette Bello, Député GDR
Joyce Blau, Linguiste, orientaliste
Hayat Bousta, Responsable du site « Maroc Réalités »
Saïd Bouamama, Sociologue, FUIQP
Mustapha Boutadjine, Plasticien
Alain Brunnel, Député GDR
Marie-Georges Buffet, Députée GDR
André Chassaigne, Député GDR
Antoine Comte, Avocat à la Cour
Pierre Darrheville, Député GDR
Antoine De Bary, Artiste peintre
Sylviane De Wangen, CA de Mémoire, vérité, justice
Jacqueline Derens, Militante anti-apartheid
Jean-Paul Dufregne, Député GDR
Jean-Paul Escoffier, AFASPA
Mireille Fanon Mendès-France, Présidente de la Fondation Frantz Fanon
Patrick Farbiaz, Militant écologiste
Mounir Fatmi, Artiste plasticien
François Geze, Editeur
Christiane Gillmann, Avocat honoraire
Hassan Hadj Nassar, Militante de la gauche marocaine
Aboubakr Jamai, Professeur universitaire
Sébastien Jumel, Député GDR
François Kakdor, Avocat honoraire
Jean-Paul Lecoq, Député GDR
François Martinet, Ecrivain, chercheur
Jean-Luc Nancy, Philosophe,
Stéphane Peu, Député GDR
Bernard Ravenel, Historien
Marguerite Rollinde, Militante des droits humains
Mounir Satouri, Député européen, groupe des Verts
François Sauteray, Militant syndical et associatif
Patrick Silberstein, Editeur
Mustapha Tanouti, Militant associatif
Joseph Tual, Grand reporter
Celina Whitaker, Protection sociale solidaie

 

Au Maroc

Omar Balafrej, Parlementaire marocain
Abdelilah Benabdeslam, Coordintateur Coalition marocaine des Instances des droits humains
Mohamed Neshnash, Ancien président Organisation Marocaine des Droits Humains
Khadija Ryadi, Lauréate du prix de l’ONU (droits de l’Homme), ancienne présidente de l’Ass. Maroc. des D. H.
Mohamed Bensaid Ait Idder, Gauche socialiste unifiée (Maroc)
Nabila Mounib, Secrétaire générale du PSU (Maroc)
Ali Boutouala, Secrétaire national PADS (Maroc)
Mustapha Brahma, Secrétaire national Voie démocratique (Maroc)
Najib Akesbi, Economiste
Abdelhamid Amine, Président d’honneur de la Fédération Nationale du Secteur Agricole-UMT »
Anis Balafrej, Ingénieur
Omar Bendjelloun, Avocat, universitaire
Abderrahim Berrada, Avocat
Abderrahim Jamal, Avocat, ancien bâtonnier de Rabat
Fouad Abdelmoumni, Secrétaire général de Transparency Maroc
Mohammed Achaari, Président de la fondation Abderrahim Bouabid
Sion Assidon, Coordinateur BDS Maroc, fondateur Transparency Maroc
Abdelkader Baina, Juriste
Abderrahim Ben Barka, Avocat, ancien bâtonnier de Rabat
Bichr Bennani, Editeur
Monique Berrada, Enseignante
Abdou Berrada, Journaliste
Brahim Bouabid, Avocat
Ali Bouabid, Délégué Général de la fondation Abderrahim Bouabid
Rkia El Mossadeq, Juriste
Tariq Kabbage, Ancien maire d’Agadir (Maroc)
Amina Kadiri, Militante des droits humains
Mohamed Laroussi, Chroniqueur, écrivain
Aziz Loudiyi, Interprète
Maâti Monjib, Historien, coordinateur Freedom Now
Khadija Tnana, Artiste plasticienne

Un jardin de Paris va porter le nom de Martha Desrumaux

Il y a 4 ans, le 18 octobre 2019

Par Pierre Laurent

C’est justice au regard de ce que fut son action personnelle, comme femme, militante, syndicaliste, résistante.

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Mesdames, Messieurs,
Cher·e·s ami·e·s,
Cher·e·s camarades,

Un jardin de Paris va porter le nom de Martha Desrumaux.

Sénateur de Paris, je tiens à faire part de ma gratitude à toutes celles et ceux qui ont œuvré pour que ce moment de reconnaissance puisse se tenir : Madame la maire de Paris, la majorité de gauche de la ville de Paris et le groupe communiste au sein de cette majorité.
Je salue également l’Association des amis de Martha Desrumaux, sa présidente Laurence Dubois, qui travaillent à mieux faire connaître cette grande figure du mouvement ouvrier français.
Sans oublier mon ami Pierre Outteryck qui, dans son combat pour la reconnaissance due à Martha, ne ménage ni sa peine ni son temps. Pierre y met tout son cœur et toute son âme, une passion qu’il conjugue avec la grande rigueur historique et scientifique qui est la sienne.

Que nous dit aujourd’hui Martha Desrumaux ? De cette histoire passionnante et foisonnante, je voudrais, en étant certes très incomplet, retenir 3 leçons.

Elle nous dit d’abord la place qu’a occupée la classe ouvrière dans les combats libérateurs de la France et dans toutes les conquêtes sociales du pays.

La classe ouvrière joua un rôle décisif en 1936 pour transformer la victoire électorale de la gauche en grandes conquêtes sociales et joua un rôle reconnu dans la Résistance à l’occupation nazie et la Libération. Cela explique le contenu du programme du Conseil national de la Résistance et les grandes réformes de la Libération, la Sécurité sociale et le statut des fonctionnaires, le droit de votre des femmes…
Martha, fer de lance des luttes ouvrières dans le textile ou les mines, négociatrice décisive dans les négociations pour l’augmentation des salaires en 1936, fut au cœur de ces enjeux, elle y joua un rôle de premier plan. Ce rôle lui valu d’être élue en 1945, à son retour du camp de concentration de Ravensbruck, dans l’Assemblée constituante provisoire créée par le général de Gaulle, au titre, avec 16 autres de ses compagnons, de représentante des déporté·e·s.

Elle fut donc, à ce titre, parmi les premières femmes parlementaires et joua un rôle là aussi décisif pour l’obtention, à cette période, du droit de vote pour les femmes.

A l’époque où nous vivons, où le Parlement européen vote une motion révisionniste réécrivant l’histoire de la seconde guerre mondiale et des responsabilités dans son éclatement, il est urgent de faire connaître ce que fut, l’apport de Martha, l’apport des communistes comme de l’ensemble de la classe ouvrière, qui, comme l’a écrit François Mauriac, fut la seule classe sociale, à « rester fidèle à la nation ».

Ce que nous dit Martha, c’est l’urgence aujourd’hui des combats pour la paix, pour les droits de tous les peuples à l’émancipation, pour des relations internationales construites sur d’autres logiques que les logiques de domination néocoloniales.
Femme éprise de paix, impliquée dans les combats antimilitaristes, anticolonialistes, antifascistes de son époque, elle nous dit qu’au 21e siècle plus aucun peuple, qu’il soit Kurde, Palestinien, Sahraoui, etc. ne doit s’entendre dire : « vous n’êtes rien ».

Tous les peuples ont droit à la fois à l’existence, à des droits, à la dignité. Nous sommes toujours dans les traces et dans la lumière que nous a léguées Martha Desrumaux.

Ce que nous dit Martha, première parlementaire femme du pays, c’est l’urgence du combat acharné à mener pour l’égalité hommes-femmes.

Ce qui est à l’ordre du jour est la construction d’une société non violence pour les femmes, les enfants et bien sûr les hommes.

Françoise Héritier a écrit récemment : « Il est important que les deux sexes travaillent ensemble à changer ce système, l’oppression et la dévalorisation du féminin n’étant pas nécessairement à long terme un gain pour le masculin et pour l’humanité ».

Je ne sais si elle pensait à Martha, mais ces quelques mots résument ce que fut le sens de son combat.

Mesdames, Messieurs, cher·e·s ami·e·s, cher·e·s camarades,

Martha a adhéré au Parti communiste français dès le lendemain du congrès de Tours. Son parti, qui va fêter ses 100 ans tout au long de l’année 2020, est fier d’avoir compté dans ses rangs une si grande dame.

Martha est des nôtres, mais elle appartient à la communauté nationale, à l’esprit des Lumières, à l’histoire progressiste de notre pays. Elle est celle qui, pour plagier Victor Hugo, a su dire à tous ceux qui profitaient de la nuit qu’il y a « une grande puissance, l’aurore, et que l’aube ne peut être vaincue ».

Je l’ai écrit récemment à l’Association des amis de Martha et je le renouvelle aujourd’hui publiquement, vous pouvez compter sur ma disponibilité et mon soutien pour que la France, qui lui doit tant, reconnaisse, en l’accueillant au Panthéon, ce que fut son combat et le sens qu’elle a su donner à sa vie, pour la liberté, l’égalité, la Fraternité.

ENGAGEMENT PARLEMENTAIRE pour le Traité d’interdiction des armes nucléaires

Il y a 4 ans, le 27 septembre 2019

Par Pierre Laurent

J’ai signé cet engagement comme d’autres parlementaires et j’invite celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait à s’emparer de ce combat.
Au colloque que nous avons organisé hier à l’Assemblée nationale, avec le PCF – monde, sur la paix et le désarmement nucléaire, Handicap International – Humanity & Inclusion a dévoilé le monument dédié « au civil inconnu », en hommage aux victimes civiles des conflits et pour dénoncer une pratique intolérable : les bombardements en zones peuplées.

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Les parlementaires ont un rôle vital à jouer dans la promotion de la paix et de la sécurité pour un monde sans armes nucléaires. Ils ont joué un rôle majeur dans la réalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. Nous demandons maintenant leur aide à travers cet Engagement parlementaire, pour promouvoir ce traité et encourager la signature et la ratification de celui-ci par leur Etat respectif. Cet Engagement est coordonné par la Campagne internationale pour Abolir les armes nucléaires (ICAN),

« Nous, les parlementaires soussignés, accueillons chaleureusement l’adoption du Traité des Nations Unies sur l’interdiction des armes nucléaires le 7 juillet 2017 comme une étape importante vers la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires. Nous partageons la profonde préoccupation exprimée dans le préambule face aux conséquences humanitaires catastrophiques qui résulteraient de toute utilisation d’armes nucléaires, et nous reconnaissons le besoin qui en découle d’éliminer ces armes inhumaines et abominables. En tant que parlementaires, nous nous engageons à travailler à la signature et la ratification de ce traité historique par nos Etats respectifs, car nous considérons que l’abolition des armes nucléaires est un bien public mondial de premier ordre et une étape essentielle pour promouvoir la sécurité et le bien-être de tous les peuples. »

Qui peut signer ? Tous les membres actuels d’un parlement national peuvent signer cet Engagement. Il est ouvert à tous les parlementaires de tous les Etats.

Comment rejoindre cet appel : Signez ce document et scannez-le et envoyez-le par e-mail à coordination[at]icanfrance.org

Un adversaire politique intransigeant et respectueux

Il y a 4 ans, le

Par Pierre Laurent

Jacques Chirac, président de la République de 1995 à 2007 est décédé. Je salue avec émotion la disparition d’un homme qui a marqué la vie politique du pays pendant de longues années, notamment lors des 12 années où il fut élu puis réélu président de la République.

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C’est une page de l’histoire politique de notre pays qui se tourne.

Les communistes ont été des adversaires politiques résolus de Jacques Chirac, tant au plan local à Paris et en Corrèze, qu’au plan national.

Ils se sont opposés à la politique qu’il a menée comme président de la République. Mais cet affrontement, souvent vif et sans concession , s’est toujours fait dans le respect mutuel.

Nous n’oublions pas cependant que nous avons su, alors que Jacques Chirac était maire de Paris, nous retrouver avec lui dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du sud et la libération de Nelson Mandela. Nous saluons aussi son courage et sa clairvoyance lorsque, président de la République, il s’opposa en 2003 à l’intervention militaire en Irak, ou encore reconnut la responsabilité de l’État français dans la déportation de centaines de milliers de juifs durant l’occupation.

Jacques Chirac était aussi porteur de valeurs qui lui interdisait de se compromettre ou de pactiser avec le Front national. Beaucoup devraient s’inspirer aujourd’hui de ce que fut son action et sa parole en ces domaines.

Certes, des choses essentielles opposaient les communistes à Jacques Chirac. Mais je tiens à m’associer au recueillement dû par la Nation à un homme d’État qui a marqué son temps et présente à sa famille et ses proches mes plus sincères condoléances.

25 août 1944 : Paris se libéra

Il y a 4 ans, le 26 août 2019

Par Pierre Laurent

Le 25 aout 1944, Paris est libéré par les parisien.ne.s. Je rends hommage à ces femmes et ces hommes qui ont décidé de vivre debout, qui ont réussi à se libérer et à reconstruire la France. Je pourrais parler de milliers de noms qui sont sur le fronton d’une école, d’une place, d’une rue ou […]

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Le 25 aout 1944, Paris est libéré par les parisien.ne.s.

Je rends hommage à ces femmes et ces hommes qui ont décidé de vivre debout, qui ont réussi à se libérer et à reconstruire la France.
Je pourrais parler de milliers de noms qui sont sur le fronton d’une école, d’une place, d’une rue ou dans une chanson.

Rien n’allait de soi, rien n’était facile. Et pourtant, elles et ils ont réussi à libérer Paris. 

Raymond Aubrac, lors d’une rencontre des Amis de l’Humanité le 8 mai 2011, expliquait : « Lorsque les jeunes m’interrogent, ils me demandent toujours pourquoi nous avons résisté ? Eh bien, je leur réponds : parce que nous savions que ça servirait à quelque chose… même si nous savions que nous pouvions mourir, nous agissions pour les nouvelles générations. Je dis aux jeunes : si vous baissez les bras, baissez la tête face aux injustices, vous avez des chances d’être battus, mais si vous n’êtes pas résignés et que vous êtes prêts à affronter les difficultés du combat, vous avez des chances de vaincre. »

Son message reste toujours d’actualité et donne son sens à ce 75è anniversaire de la Libération de Paris. 

Combattre « les monstres » en hommage aux victimes de l’Esclavage

Il y a 5 ans, le 23 mai 2019

Par Pierre Laurent

Le 23 mai est un jour que nous consacrons toutes et tous à l’hommage national aux victimes de l’esclavage colonial et à leur mémoire. Je m’associe avec tous les communistes à cette journée nationale, aux côtés des descendants d’esclaves qui se mobilisent pour rendre hommage à leurs aïeux.

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Cette reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’Humanité et des souffrances infligées à des populations et des pays entiers fut l’objet d’un grand combat, un combat légitime et humaniste. Ce combat se poursuit aujourd’hui, il est essentiel, pour que rien de ce que fut, dans le passé, le système colonial-esclavagiste ne reste dans l’ombre : ni la plus-value des capitalistes, (l’accumulation primitive qui a permis l’essor du capitalisme) et de leurs États qui se sont honteusement enrichis, ni les traumatismes profonds des descendants d’esclaves : (marchandisation, destruction des familles), qui ont mis si longtemps à être reconnus . Ce système ne pouvait fonctionner que sur le racisme en légitimant le sort fait à des « sous hommes ». Il existe encore un esclavage « moderne » de par le monde (pays du golfe, mais pas seulement) et les femmes sont les premières victimes de l’esclavage domestique et de la traite des êtres humains.

Frantz Fanon avait ses mots : « Je ne veux pas chanter le passé aux dépens de mon présent et de mon avenir ». Plus que jamais, le devoir de mémoire doit donc s’accompagner de la nécessité de construire un monde qui se débarrasse de toutes les dominations, de toutes les exploitations, qui s’attaque résolument à toutes les inégalités entre les individus et tous les peuples, qui éradique de l’avenir de l’Humanité le poison du racisme et du rejet de l’autre.

Quand Mr Salvini, chef d’état italien instaure dans son pays une amende à l’encontre de ceux qui viendraient en aide aux migrant.e.s perdu.e .s en mer et que l’Union Européenne ne dit rien et laisse faire, nous affirmons aujourd’hui qu’il est urgent de remettre l’humain et ses valeurs au cœur des politiques publiques, notamment en Europe. Quand des millions d’enfants, des millions d’être humains à travers le monde sont mis en état d’esclavage, nous sommes encore trop peu à en remettre en cause les mécanismes, et le système capitaliste qui a modernisé son système d’exploitation.

«  Chaque fois qu’un homme (une femme) a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme (une femme) a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable , je me suis senti solidaire de son acte. » (Frantz Fanon). Nous sommes conscients de l’immensité du défi à relever : en cooperation étroite avec quiconque ressent la même exigence, nous nous donnons le projet de nourrir d’idées progressistes l’indispensable débat citoyen sur les valeurs qui doivent fonder une vision alternative, humaniste, de l’avenir de l’humanité et de la coopération entre les peuples.

Ces valeurs sont d’abord celles de la solidarité: les interdépendances sont devenues telles que les problèmes qui touchent des sociétés à l’autre bout du monde nous concernent par ricochet. La question des migrations en est une illustration flagrante. L’avenir de la planète appelle la solidarité, entendue au sens le plus fort : non la simple charité, mais la conscience d’une « responsabilité commune », que ce soit pour le climat, la justice sociale, la paix, les droits des peuples, la démocratie.

Ces valeurs sont ensuite celles du multilatéralisme qui n’est finalement rien d’autre à mes yeux que cet esprit de « responsabilité commune » concrétisé sur le plan des institutions. En particulier les Nations-Unies qu’il convient de réformer profondément dans l’esprit de leur Charte de 1945 – afin d’en faire l’institution authentiquement universelle et axée sur les grands enjeux sociaux internationaux, dont le monde a besoin. A bien plus forte raison, les institutions européennes demandent-elles à être franchement refondées pour pouvoir prétendre s’inscrire dans cette logique ! Notamment, en s’émancipant de toute tutelle des Etats-Unis, y compris militaire avec l’OTAN , et en traitant d’égal à égal avec tous les partenaires des autres régions du monde.

Ces valeurs sont enfin celles de l’altérité et de l’échange culturel : face aux « monstres » qui envahissent progressivement tous les secteurs de la vie, nous devons promouvoir la reconnaissance de l’autre dans sa différence. Notre but doit être de dépasser tout ce que la notion « d’étranger » peut charrier de méfiance, voire d’hostilité. « L’européocentrisme », ou « l’occidentalocentrisme », cette propension à se sentir appartenir à la civilisation-étalon applicable au monde entier, n’est plus tolérable aujourd’hui. Accepter et construire du commun dans un échange permanent et respectueux non du bout des lèvres mais en y voyant le reflet de la richesse de l’humanité, voilà la condition d’une vraie égalité des peuples et d’une lutte efficace contre le choc des civilisations auquel les réactionnaires de tout poil veulent nous amener.

Je fais mienne la notion de « transculturation » qui ne cantonne pas les individus dans des catégories sociales, culturelles ou ethniques, mais fonde les rapports humains sur le commun de l’humanité, le respect de l’autre, l’échange culturel. jusqu’à contribuer à une nouvelle ambition de civilisation, à un progrès de l’Humanité tout entière. Le développement des échanges personnels, de la connaissance des autres sociétés et des autres civilisations, de la réalisation de projets communs, sont et seront les meilleurs antidotes contre l’intolérance, le racisme, le nationalisme et un puissant facteur de paix.

Je ressens le besoin urgent de s’approprier et de débattre le concept du  « Tout-Monde » d’Edouard Glissant et de Patrick Chamoiseau pour une République dont nous contribuerons ensemble à batir les évolutions dans le 21ème siècle.

C’est donc dans un nouveau récit pour l’Humanité que nous nous inscrivons, dans cette période de notre histoire humaine où, comme le disait Gramsci, « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître » et si « dans ce clair-obscur surgissent les monstres », la journée du 23 mai, en hommage aux victimes de l’esclavage et du colonialisme, est un beau jour pour les combattre et engager l’Humanité sur un autre chemin, celui de l’épanouissement de chacun-e.

Pierre Laurent, Sénateur, président du Conseil National du PCF

Paris, le 23 mai 2019