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Plus que jamais unir contre le racisme

Il y a 4 ans, le 30 août 2019

Par Pierre Laurent

Des responsables politiques français et du gouvernement israélien nous accusent, à mots plus ou moins couverts, de soutien au terrorisme et d’antisémitisme pour tenter de disqualifier le combat que nous menons pour une paix juste et durable en Palestine. C’est ignoble.

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Je veux redire quelques faits essentiels. D’abord sur la motivation profonde de notre combat, qui n’est autre que le respect des droits du peuple palestinien à vivre en paix, dans un État souverain aux côtés de l’État d’Israël. Ce que l’on nomme « conflit israélo-palestinien » n’est pas un conflit religieux, mais un conflit politique et colonial, dramatiquement aggravé par la politique de Benyamin Netanyahou. Ses efforts continus et celui de son gouvernement pour la colonisation montrent qu’ils ont abandonné tout objectif et processus de paix. La colonisation des territoires, amplifiée depuis l’élection de Donald Trump, au mépris du droit international et de toutes les résolutions de l’ONU, est pour Netanyahou la principale arme de destruction massive de tout processus de paix visant la construction de deux États, Israël et la Palestine, vivant en paix. Ce qu’ils visent, à travers la négation des droits des Palestiniens et à travers leurs visées racistes et destructrices, est un État ségrégué, non plus laïc et démocratique, qui serait une grave impasse pour l’État d’Israël lui-même.

Ce conflit colonial s’enracine dans les décombres d’autres conflits coloniaux plus anciens, hérités des ruines de l’Empire ottoman dépecé par les puissances impérialistes britannique, française et étatsunienne, qui, depuis cent ans, veulent forger le Proche et Moyen-Orient, ses frontières intérieures, l’organisation sociale de ses peuples, à l’aune de leurs intérêts. Ces puissances impérialistes, et d’autres aujourd’hui, s’appuient sur des forces nationalistes ou obscurantistes, des puissances régionales émergentes, quitte à les renforcer contre les forces démocratiques.

Le Liban, l’Irak, la Syrie… les peuples kurde et palestinien, plus loin l’Afghanistan, en sont les plus grands perdants, plongés dans des guerres dévastatrices, des années de terreur, de pillage des ressources et d’humiliations.

Notre engagement est donc d’abord celui pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, pour l’émergence d’une solution à deux États souverains, laïcs et démocratiques. Ce combat est d’abord un engagement pour le respect du droit international, des droits humains fondamentaux et pour l’égalité. Notre engagement, à nous communistes, ici en France, est un engagement pour la justice, le droit et la paix.

Ensuite, sur les ignobles accusations d’antisémitisme, je veux redire clairement que je les ressens comme une insulte personnelle inacceptable, que nous les ressentons comme une insulte et une blessure indignes de l’histoire de notre parti. Les propos tenus qui nous taxent d’antisémites cherchent à discréditer quiconque s’oppose à la politique coloniale et discriminatoire de B. Netanyahou.

Pour nous, le PCF, l’existence d’Israël n’est évidemment pas en cause. Ce que nous mettons en cause, c’est la non-reconnaissance de l’État palestinien. Pour nous, la lutte contre l’antisémitisme et la solidarité avec la lutte contre l’occupation coloniale des territoires palestiniens ne sont pas des combats contradictoires. Mais un même engagement pour le respect des droits humains fondamentaux.

Comme des générations de communistes qui nous ont précédés, nous sommes de ceux qui refusent de concéder tout terrain à la haine du judaïsme et des juifs dans notre pays. L’antisémitisme est un fléau, un délit, qui peut devenir, l’histoire l’a montré, le moteur d’un indicible crime contre l’humanité. Nous l’avons combattu hier pour libérer notre pays du nazisme hitlérien, nous le combattons aujourd’hui et nous le combattrons demain avec la même détermination.

Depuis des siècles, la haine des juifs fait des ravages dans notre pays. Mais cette haine trouve face à elle une conception de la nation née en 1791 avec la reconnaissance de la citoyenneté française à tout individu né sur son sol indépendamment de sa religion. À différentes reprises dans notre histoire, de Napoléon à Pétain, ce droit fondamental a été bafoué. Nous devons rester mobilisés contre les résurgences de l’antisémitisme qui est au fond le même racisme que celui qui frappe nos concitoyens musulmans.

Au nom de la République laïque que nous défendons, nous combattrons sans relâche ceux qui veulent faire du judaïsme ou de l’islam, l’un et l’autre, ou de toute autre religion, des soi-disant « corps étrangers ». Toute violence faite aux croyants, et faite à ceux d’entre nous qui sont juifs, ou à ceux d’entre nous qui sont musulmans, demeure pour nous un affront fait à tous.

Nous refusons toute banalisation de l’antisémitisme, de la haine de l’islam ou de toute croyance, de toute culture ou origine, comme nous refusons de hiérarchiser les racismes, xénophobies, atteintes à la dignité, les discriminations dont chacune et chacun d’entre nous peut être la cible.

Nous combattons cette conception monolithique infondée qui classe et hiérarchise les êtres humains, qui reste hermétique aux réalités sociales, aux processus historiques qui font que les cultures se reforment sans cesse au contact les unes des autres. Il y a quelque chose de morbide chez ceux qui croient que la culture n’est que tradition, alors qu’elle n’est qu’invention.

Nombreux dans nos rangs ont été, depuis la création du PCF, aux côtés de générations de militants qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, comme disait Aragon, des militants de toutes croyances qui s’engagèrent pour que la France soit une communauté de femmes et d’hommes libres et égaux, pour la justice sociale et contre l’exploitation et les dominations. Pendant la Résistance, c’est d’abord dans nos rangs que, Français, immigrés juifs d’Europe centrale, républicains espagnols, immigrés d’Afrique du Nord et d’ailleurs, elles et ils s’engagèrent pour libérer la France et réinstaurer une démocratie, notre République. L’antiracisme nous a construits, et a construit le meilleur pour la France. Nous sommes fidèles à cette histoire.

L’heure n’est pas à élever des murs qui se retourneront contre tous. Il y a quelques jours, 60 000 militants d’extrême droite ont défilé bras tendus en Pologne contre l’islam, contre les migrants, tandis que des milliers meurent en Méditerranée, croupissent dans des camps en Hongrie, ou sont réduits en esclavage en Libye. Ces mêmes 60 000 néonazis défileront peut-être à nouveau demain, brandissant la haine des juifs comme leurs grands-pères le firent dans les années 1930 et 1940.

Face à ces dangers, nous voulons plus que jamais unir contre le racisme et pour le respect des droits humains pour tous. Et aucune haine ne nous détournera de ce combat, en France, en Europe, en Israël et en Palestine, comme partout ailleurs dans le monde.

Augmentation des droits d’inscriptions pour les étudiants étrangers, comme d’habitude : je décide, vous discutez ensuite !

Il y a 5 ans, le 27 février 2019

Par Pierre Laurent

Malgré les nombreuses oppositions de conseils d’administration des universités et de la communauté universitaire unanime, la ministre de l’enseignement supérieur réaffirme son intention d’appliquer sans tarder une réforme majeure conduite sans réelle concertation et dans la précipitation. Pourtant, la Mission de concertation sur la stratégie « Bienvenue en France », constituée par la ministre, a souligné le caractère précipité de cette mesure et l’absence de réflexion stratégique globale sur l’accueil des étudiant-e-s extracommunautaires dans les universités françaises.

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Las, la décision est prise et leurs frais d’inscriptions seront multipliés par seize en licence et quinze en master. Seul-e-s les doctorant-e-s seront épargné-e-s, mais la Mission de concertation craint que cette exemption ne suffise pas à enrayer la baisse inquiétante du nombre de doctorats en France, car elle note que la moitié des doctorant-e-s internationaux ont réalisé leur master en France.

Cette hausse nationale devra être mise en œuvre par toutes les universités et la ministre a exigé des fonctionnaires qu’ils l’appliquent, avec « obéissance et loyauté », aux étudiant-e-s qui arriveront en France pour la rentrée de septembre 2019. Cette mesure touchera l’université de La Rochelle en 2019, six autres universités en 2020, dont celle du Havre-Normandie qui accueille 27 % d’étudiant-e-s extracommunautaires, et une vingtaine en 2021. La Mission de concertation regrette que les universités ne puissent décider « de capacités d’exonérations leur permettant de définir une politique autonome d’accueil ». Elle rappelle que le Président de la République, lors de son discours prononcé à Évry-Courcouronnes, le 4 février dernier, avait annoncé que les droits différenciés ne concerneraient que les « établissements qui le veulent ».

Le 1er février dernier, le Premier ministre annonçait l’ouverture d’une grande concertation pour préparer une future grande loi de programmation pluriannuelle pour la recherche. Il demandait alors aux scientifiques de « réfléchir avec nous à la façon dont nous pouvons organiser les choses pour que vous puissiez le faire encore mieux » et de « prendre [leur] part dans la démocratie française.

Pas simplement en tant que citoyen mais en tant que femmes et hommes qui ont quelque chose à dire du monde réel et du monde que nous voulons construire ». Le champ de la concertation vient singulièrement d’être réduit. Les « femmes et les hommes » qui pensaient encore naïvement que l’Université française, en accueillant des étudiant-e-s venu-e-s d’autres pays, avaient un rôle à jouer dans le « monde que nous voulons construire » ne seront pas entendu-e-s.

Le groupe CRCE du Sénat est à la disposition de la communauté scientifique, de ses syndicats, associations et sociétés savantes, pour réfléchir ensemble et élaborer le projet de refondation de l’université et de la recherche dont notre pays a besoin.