De quoi Valérie Pécresse est-elle le nom ?

Il y a 2 ans, le 13 mars 2022
Par Pierre Laurent
Le mot de Pierre Laurent :
Céline Malaisé, présidente du groupe Gauche communiste, écologiste et citoyenne à la Région Île-de-France, est chaque jour en première ligne face à la présidente de région Valérie Pécresse. Elle nous explique ici le contenu détaillé de sa politique régionale. Celle-ci donne un avant-goût de ce que serait la politique nationale d’une Valérie Pécresse élue présidente de la République.
Actuellement en difficulté dans les sondages, prise en étau entre la candidature Macron et les candidatures d’extrême-droite, le programme de Mme Pécresse n’en donne pas moins une idée précise de ce que les compromis entre Macron et les forces de droite, sous la pression des extrêmes-droite, pourraient donner demain au gouvernement. De quoi inciter notre peuple à combattre avec détermination toutes ces forces, demain tout ou partie coalisées.
De quoi Valérie Pécresse est-elle le nom ?
par Céline Malaisé*
L’été dernier, alors qu’elle n’était pas encore candidate de la droite à l’élection présidentielle mais déjà en quête de voix pour une désignation interne, Valérie Pécresse se définissait comme « 1/3 Thatcher et 2/3 Merkel ». Bien au-delà d’une recherche d’une filiation féminine, ce positionnement politique résume parfaitement ce qu’elle a déjà fait comme Ministre de Sarkozy, ce qu’elle fait comme Présidente de Région et ce qu’elle promet de faire si elle occupait la plus haute fonction de l’État !
L’Ile-de-France : un laboratoire pour Pécresse
Elle se proclame « dame de faire », prenons-la donc au mot en passant en revue quatre domaines : la sécurité, l’éducation et la formation, l’économie et le social et, pour finir, l’aménagement du territoire et les transports. L’Ile-de-France est systématiquement présentée par la candidate de la droite comme son laboratoire. Ce qu’elle y a et y fait devrait surtout servir d’antidote afin qu’elle ne recycle pas ses méfaits libéraux et ultra sécuritaires au niveau national.
Une drôle de vision de la sécurité pour Valérie Karcher
Comme Présidente de la Région Ile-de-France, alors que la sécurité ne fait nullement partie des compétences régionales, V. Pécresse a décidé de mettre en place un « bouclier sécurité ». Prise dans une fuite en avant pré-présidentielle, Valérie Pécresse a fait voter en 2021 un élargissement du financement régional de l’équipement des polices municipales aux armes létales puis aux drones. Ce dernier moyen de surveillance de masse est pourtant illégal comme vient de le rappeler le Conseil constitutionnel. Rattrapée par la patrouille, le Préfet d’Ile-de-France vient d’enjoindre la Présidente de région à annuler l’équipement des polices municipales car cette action est illégale, au regard de l’état du droit et de la jurisprudence.
Concernant les lycées, la Présidente francilienne a supprimé 3 millions d’euros dédiés à la prévention et à la médiation des violences en milieu scolaire pour mettre sur pied des brigades régionales de sécurité dont les missions doublonnent avec les équipes des rectorats, dont l’efficacité est fortement discutée par les communautés éducatives et dont la fin est demandée par la chambre régionale des comptes et aussi par le Préfet d’Ile-de-France qui reprend l’argumentaire de l’illégalité. Après avoir multiplié les caméras de surveillance à l’extérieur mais aussi dans les 473 lycées franciliens, 2 millions d’euros ont été votés pour installer un mur XXL pour superviser ces 3 000 caméras. Cette décision n’a jamais fait l’objet ni d’information des communautés éducatives, ni d’une saisine de la CNIL… La garantie des libertés publiques, encore plus indispensable quand il s’agit de mineurs, apparaît vraiment comme le cadet des soucis de la démonstration politique voulue par Pécresse. Cette escalade sécuritaire et les sorties répétées dans un registre belliqueux allant jusqu’à ressortir le Karcher dessinent un projet politique ultra-sécuritaire à mille lieues de la recherche de la tranquillité publique. Pousser les interventions hors des compétences régionales ou encore se jouer du cadre légal est une des marques de fabrique de Valérie Pécresse, pourtant candidate pour garantir l’État de droit mais qui n’en a que faire du droit puisqu’elle persiste malgré les rappels à la loi préfectoraux et les demandes d’annulation. De quoi s’inquiéter…
Autonomie contre service public d’éducation
A la tête du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse a fourbi ses armes contre le service public en imposant l’autonomie aux universités, en les mettant en concurrence et en les appauvrissant par un désengagement de l’État. A la tête de l’Île-de-France, elle a recyclé cette idée en mettant en place un budget d’autonomie dans chaque lycée tout en en profitant pour couper les budgets des politiques éducatives. Accompagnant la contre-réforme Blanquer qui désorganise les enseignements dans les lycées, Valérie Pécresse l’a assortie d’une baisse de 20€ par élève de la dotation régionale aux lycées et d’une baisse du soutien régional à l’enseignement professionnel lui préférant naturellement l’apprentissage… Le choix du privé est aussi un marqueur que ce soit à travers des aides non obligatoires à l’enseignement confessionnel, ou à travers le choix de construire des lycées en partenariat public-privé engraissant ainsi un major du BTP par des loyers payables jusqu’en 2041. La lecture de son programme présidentiel pour l’éducation et la formation indique une volonté de généraliser l’autonomie allant jusqu’à laisser une totale liberté de recrutement aux chefs d’établissement dans le secondaire et appelle à un acte II de l’autonomie des universités. Nous voilà prévenus…
Quand le patronat murmure à l’oreille de Pécresse
Quant aux choix économiques faits à la tête de la Région, ils ont été murmurés à l’oreille de Valérie Pécresse par un conseil stratégique composé de grands patrons et décideurs économiques. Les aides aux entreprises ont été ouvertes aux grands groupes qui ont touchés plusieurs millions d’euros d’argent public alors qu’ils n’en ont aucunement besoin et qu’ils ne cessent de vomir l’intervention de la puissance publique. Bien entendu, ces aides régionales ne sont aucunement liées à des contreparties sociales ou environnementales et sont cumulatives avec celles du CICE ou du Crédit Impôt Recherche de l’État. Et quand une entreprise est en faillite, la Région est aux abonnées absentes comme ce fut encore récemment le cas à Grigny alors que le chômage y est très haut et que la pauvreté également. Il faut ajouter que la candidate de la droite qui a récemment usé de rhétorique d’extrême-droite avec le terme de « grand remplacement » ou encore de « Français de papier » a tenté d’imposer une clause dans les marchés régionaux. Cette clause, mal nommée Molière, visait à exclure les entreprises, notamment de BTP, qui employaient des ouvriers ne parlant pas français. Celle-ci, xénophobe et adoubée par les élus du RN, fut annulée par le Préfet. Une marque de fabrique décidément…
Dame patronnesse
Dans le domaine social, ce n’est que poudre aux yeux de dame patronnesse qui loin d’agir contre la pauvreté ou les inégalités se résume à quelques oboles pour se donner bonne conscience. Le budget « action sociale » a fondu depuis 2016 et n’est, dorénavant que limité à quelques subventions à des acteurs ou à des coups de communication. Il est loin le temps où Pécresse déclamait qu’elle s’attaquerait aux bidonvilles en Ile-de-France. Tellement loin, très loin… et en partie parce que les aides régionales à la résorption des bidonvilles ou les fonds européens à destination des populations Roms ont disparu. Quant au logement social, la droite de Pécresse a divisé son budget par deux, a supprimé des dispositifs tels que la lutte contre le saturnisme… Dans le même temps, elle soutient ostensiblement les communes carencées qui ne respectent pas l’obligation de construction de 25 % de logements sociaux de la loi SRU sous couvert de mixité sociale. Pire, elle empêche les maires bâtisseurs de construire des logements sociaux en coupant le robinet régional. Rien n’est fait pour s’attaquer aux inégalités territoriales et sociales pourtant fortes et iniques dans la région la plus riche de France.
Le laisser-faire libéral du territoire
Quant à l’aménagement du territoire qui est de la compétence régionale, il fut oublié et remisé au fond d’un tiroir durant plus de 5 ans par la droite régionale qui lui préférait évidemment le laisser-faire libéral. Le SDRIF (schéma d’aménagement de la région Ile-de-France), pourtant document prescripteur, n’a jamais été mobilisé jusqu’en 2021, date à laquelle la droite de Pécresse a indiqué qu’elle souhaitait le réviser. Cette révision essentielle, tant les inégalités ont cru et tant la lutte contre le réchauffement climatique doit prendre une autre ampleur, le groupe communiste la demandait fortement. Les premières orientations de la révision ne sont pas à la hauteur. La droite y place au cœur les seules attractivité et concurrence de la région capitale et non la qualité de vie, la lutte contre les inégalités (qui avaient été simplement oubliées) ou encore la bifurcation environnementale.
Un train de retard pour la Thatcher francilienne
Il n’y a qu’à regarder ce qui arrive au réseau de transports, élément majeur de l’aménagement de l’Ile-de-France, pour avoir un aperçu de ce que Pécresse entend faire du territoire, des services publics, de l’usage des modes de transports doux… Après avoir promis une révolution des transports qui, du côté des usagers des RER et des Transilien notamment, est surtout une galère quotidienne, Valérie Pécresse a décidé d’accélérer la privatisation des transports. Rien ne l’oblige contrairement à ce que la droite ou une certaine presse disent. Il est possible de faire autrement et de gérer les transports par une régie publique, propriété de l’autorité organisatrice qui est IDF Mobilités, qui finance déjà 100% du matériel roulant. Instruite par les catastrophes de la privatisation des transports en commun à l’étranger et la multiplication des retours vers le public, la droite régionale devrait au moins hésiter. Que nenni, Valérie Pécresse accélère et pose des jalons pour la privatisation tels que la priorité au CDG Express plutôt qu’aux RER B et D, la déshumanisation des gares des RER et des Transiliens, la dégradation programmée des conditions de travail des agents des transports pour permettre le dumping social, le vote en février du processus d’ouverture à la concurrence des bus RATP pour 2025… Démanteler, dissocier en lots un réseau de transports parmi les meilleurs au monde pour l’offrir aux intérêts privés est un projet dangereux pour les usagers, les agents mais aussi pour la lutte contre le réchauffement climatique. Pas pure idéologie, Valérie Pécresse veut se défaire du service public des transports tout en laissant courir un trou abyssal dans les finances d’IDF Mobilités tant elle a la tête ailleurs dans les présidentielles. Ces choix qui ne sont pas encore définitifs seraient catastrophiques s’ils étaient pleinement mis en œuvre.
Pécresse ne doit pas être le nom de plus
Valérie Pécresse est le nom d’un néolibéralisme voulant dynamiter tout système de solidarité que ce soit les services publics, la redistributivité fiscale ou encore le logement public. Elle est aussi le nom d’un néoconservatisme qui agite les paniques identitaires pour effacer, de moins en moins avec opportunisme, le cordon sanitaire républicain entre la droite et l’extrême-droite. Elle est enfin le nom des régressions dont l’université, la recherche publique et l’Ile-de-France se souviennent. Pécresse ne doit pas être le nom de plus.
* Céline Malaisé est présidente du groupe Gauche communiste, écologique et citoyenne à la Région Île-de-France.
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