Le temps du commun : menons ensemble la bataille des idées

Il y a 2 ans, le 9 novembre 2021

Par Pierre Laurent

Il y a quelques jours, un éditorialiste du Figaro résumait sa vision de la situation politique dans un éditorial titré « Les trois droites ». La victoire de la droite à l’élection présidentielle est acquise, résumait-il, et la question qui se pose est de choisir la droite qui l’emportera : celle conduite par Emmanuel Macron, celle des Le Pen/Zemmour, ou celle que représentera le candidat désigné le 4 décembre prochain par Les Républicains.

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Cruel constat de la saturation du paysage présidentiel par la droite, organisée par le système politico-médiatique dominant. Pour pérenniser leur pouvoir, les grands intérêts financiers sont prêts à toutes les hypothèses. Quitte à les combiner dans une future majorité parlementaire, qui associerait toutes les facettes de la droite et de l’extrême-droite. Tout doit être fait pour empêcher ce sinistre scénario, que notre peuple paierait une nouvelle fois très cher.

Les forces de gauche ne se sont pas placées dans la meilleure situation pour y faire face. C’est un fait. Et pourtant notre société regorge d’idées, d’actions, d’initiatives, de consciences prêtes à relever ce défi. Effacées de la une des médias par le rouleau-compresseur piloté par l’Elysée, ces forces continuent de travailler en profondeur le pays, nos quartiers, nos villes, nos campagnes. Je ne crois pas à la droitisation de la société française. Je pense plutôt qu’elle souffre cruellement d’une absence de perspectives progressistes. Et ce n’est pas la même chose.

Je crois nécessaire, pour sortir du verrouillage politique qui vise à décourager les énergies alternatives, de changer l’agenda du débat public. Les idées de progrès doivent reprendre le devant de la scène. Car sinon, notre peuple continuera à désespérer d’un débat politique dans lequel il ne reconnaît pas ses attentes les plus profondes.

Modeste contribution, j’ai décidé d’ouvrir, ces prochaines semaines, ces prochains mois, les colonnes de ce blog à des paroles qui méritent d’être davantage écoutées, prises au sérieux, placées au premier plan des priorités politiques de la gauche, si celle-ci de toutes celles et ceux désirant ouvrir une nouvelle perspective progressiste.

Ainsi ces prochains jours, je donnerai la parole à Philippe Rio, maire de Grigny, sur les services publics et la citoyenneté, à Pascal Savoldelli, sénateur, sur l’ubérisation et les plateformes numériques, ou encore à Ernestine Ronai sur le combat contre les violences faites aux femmes. De nombreux autres thèmes suivront, tous très divers, mais toujours avec l’ambition d’une approche innovante et constructive, avec la volonté de rendre les idées de gauche plus influentes dans le pays.

Je souhaite que cette initiative aide à faire circuler ces idées, à rassembler autour d’elles pour penser et agir ensemble. Ce ne sera pas tout le nécessaire, c’est certain. Mais en ces temps difficiles et étouffants, aucun espoir ne doit être négligé, aucune idée utile à avancer ne doit être laissée au bord du chemin.

8 avril 1946 – 8 avril 2021 : parce que l’énergie est un bien commun, le projet Hercule c’est non !

Giscard et la modernité ?

Il y a 3 ans, le 8 décembre 2020

Par Pierre Laurent

Ma Tribune libre parue dans l’Humanité du lundi 7 décembre 2020

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Les nombreux hommages rendus à Valéry Giscard d’Estaing reprennent en chœur le refrain : nous avons perdu celui qui a fait entrer la France dans la modernité. Qui n’a pas vécu les années 1970 durant lesquelles il fut président de la République se voit ainsi ré-écrire une belle histoire, malheureusement d’autant plus ronflante qu’elle est bien éloignée des réa- lités de l’époque. Ainsi, toutes les avancées sociétales des années 1970, par exemple le droit de vote à 18 ans ou la première loi sur l’IVG portée par Simone Veil, sont attribuées à son génie réformateur. C’est oublier l’essentiel : le puissant mouvement qui secoua la société française en mai-juin 68, la poussée des mouvements féministes qui le suivirent, et les incessantes mobilisations de la jeunesse qui, de 1968 à la fin des années 1970, ne cessèrent tous les ans d’agiter la jeunesse lycéenne et étudiante, notamment pour combattre les réformes libérales de l’enseignement que portèrent les gouvernements giscardiens de l’époque. Rendons les conquêtes sociétales à celles et ceux à qui elles appartiennent.

Ce qui est vrai, c’est que la décennie Giscard marque le début de la contre-offensive libérale qui n’a cessé de s’amplifier par la suite. Il s’agit alors de répondre à l’exigence de modernité exprimée par la jeunesse pour la contenir, et d’intégrer les bouleversements du monde à la modernisation d’un capitalisme qui connaît alors la première grande crise capitaliste de 1974, celle du choc pétrolier. Valéry Giscard d’Estaing a ainsi beaucoup œuvré à confisquer le terme de « réforme » à la gauche. Le mal se fait aujourd’hui encore lourdement sentir, quand chaque attaque antisociale du gouvernement Macron est parée du beau mot de « réforme ». En vérité, ce n’est pas la société française que cherche à moderniser Giscard, mais le capitalisme français des années de Gaulle. Il modernise la communication politique, va visiter les pauvres au coin du feu pour masquer l’arrogance de classe qu’il incarnait plus que tout, mais son objectif reste bien celui-là.

Il jette les bases d’une insertion du capitalisme français dans la mondialisation ultralibérale. Il pousse les feux de l’intégration européenne dans la même direction, en n’oubliant pas de renforcer l’orientation atlantiste en délaissant l’héritage gaulliste.

Battu en 1981, il ne lâchera jamais le manche, et deviendra le rédacteur essentiel du traité constitutionnel européen (TCE) qui visait la constitutionnalisation du capitalisme libéral en Europe, sans imaginer que Jacques Chirac décide de soumettre ce texte au vote des Français au référendum.

Le septennat de Giscard n’est pas la marche triomphale vers la modernité décrite dans les médias et les hommages rendus. Ces années 1970 sont celles où grandit, contre sa politique, l’espoir de la victoire du programme commun de la gauche, initié par les communistes et rejoint par François Mitterrand, pour déboucher sur la défaite giscardienne en 1981, dans une élection gagnée par François Mitterrand au second tour et dans laquelle Georges Marchais a réuni au premier tour 15 % sous la bannière de « candidat anti-Giscard ». De même, les communistes jouèrent un rôle essentiel pour révéler les méfaits du TCE en 2004, et lever un mouvement citoyen d’une ampleur inédite jusqu’à conquérir la victoire du « non » en 2005.

Valéry Giscard d’Estaing fut certes un dirigeant de premier plan de la droite libérale française, assurément très brillant, mais sa victoire de 1974 n’efface pas les deux défaites majeures qu’il aura subies en 1981 et 2005. Sa modernité n’est pas celle que cherchait le peuple français.

Pierre Laurent Vice-président du Sénat, sénateur PCF de Paris

Alinéa : la comédie inhumaine

Il y a 3 ans, le 15 septembre 2020

Par Pierre Laurent

Dans le meilleur des mondes capitalistes possible, on perd rarement le nord, et si c’est le cas, la crise du Covid et les effets d’aubaine consécutifs aux mesures gouvernementales pour « relancer l’économie » permettent de vite le retrouver !

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C’est ainsi que le le distributeur de meubles Alinéa, 26 magasins et 1 974 salariés, a pris le chemin du Tribunal de Commerce de Marseille, le 13 mai, au lendemain du déconfinement. L’enseigne se dit alors victime de la crise sanitaire, des grèves liées à la reforme des retraites et des manifestations des gilets jaunes. Rien de moins ! Pour l’un des plus importants dépôt de bilan de l’Histoire !

Le 31 août, la réponse dudit Tribunal de Commerce sur la seule offre de reprise d’Alinéa est tombée : elle a accepté l’offre des repreneurs. Mais qui sont donc ces mécènes au grand cœur ? Tout simplement les actuels propriétaires d’Alinéa : Alexis Mulliez et ses cousins, cousines, oncles et tantes, issus de la famille nordiste qui a créé et possède Auchan, la 6e plus riche de France (26 milliards d’euros de patrimoine). Ces gens là sont magnanimes : leur offre prévoit la reprise de neuf magasins, la fermeture « seulement »de dix-sept autres et le licenciement de 1 000 salarié-e-s.

Et c’est ainsi que le magasin Alinéa de Saint Parres auxTertres, dans l’Aube, a fermé ses portes samedi comme 16 autres en France : et voilà pourquoi 900 salarié·e·s se retrouvent sans travail.

Des esprits chagrins, dont je suis, se demanderont peut être comment les propriétaires d’une entreprise peuvent la racheter après l’avoir déclarée en cessation de paiement.

Jusqu’à présent, cette possibilité, rare, devait être approuvée par le Procureur (et donc le ministère de la Justice) qui siège au Tribunal de Commerce. Mais un Décret, paru le 20 mai et passé relativement inaperçu, permet au propriétaire d’une entreprise de la reprendre après un dépôt de bilan. Sans aucune autorisation préalable !

Il suffisait d’y penser ! Les experts juridiques le reconnaissent eux mêmes : « Ça risque de donner des idées à quelques entrepreneurs pas forcément animés des meilleures intentions». Le risque est que les actionnaires d’une entreprise soient tentés, en cas de difficultés déjà anciennes, de déposer le bilan. Puis, de profiter de ce nouveau Décret pour racheter leur boîte. Entre-temps, ils auront effacé leurs dettes auprès des fournisseurs ou de l’État et des organismes sociaux.

Et c’est précisément ce qui s’est passé pour Alinéa !!

La Direction de l’entreprise a en effet décidé en 2017 de transférer la propriété des murs de neuf de ses 26 magasins à une nouvelle entité dénommée Aline Immo. Au total, il y en a, selon la société, pour 150 millions d’euros. La transaction a eu un double effet négatif pour l’entreprise : Alinéa s’appauvrit du montant de la valeur des murs de ses magasins et est désormais contrainte de payer des loyers à hauteur de 13 millions d’euros par an.

Les experts financiers ne furent pas tendres avec ce « transfert ».
« Si Alinéa avait conservé l’immobilier, écrivent-ils, l’entreprise aurait pu bénéficier de garanties liées à ce patrimoine pour avoir recours à des financements externes ou bien céder une partie de ses biens.» En clair, Alinéa s’est privé d’une belle ressource en cas de coup dur.

Les gilets jaunes, la réforme des retraites et la COVID ont décidément bon dos !!

Les difficultés de l’entreprise, qui enchaîne les pertes depuis 2018, remontent réellement au début de cette année là.

Quant au coût du plan de licenciements des 1 000 salariés, il s’élève à 21,9 millions d’euros. Cette somme pourrait être payée par l’Association pour la Gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS). Cet organisme collectif intervient dès lors qu’une entreprise est en cessation de paiement et ne peut honorer ses obligations à l’égard des salariés. En déposant le bilan et en rachetant ensuite une partie de l’entreprise, les dirigeants d’Alinéa feraient financer les départs par la collectivité.

Et la boucle est bouclée ! La famille Muliez mène décidément une existence semblable à celle des écureuils occupés à tourner leur cage, mais ils savent eux comment avancer !

Ce sont bien des logiques de rupture dont nous avons besoin. C’est le sens de la campagne sur l’emploi qu’a engagé le PCF avec le point fort des 9 et 10 octobre et, avant cela, la mobilisation de ce jeudi à l’appel des syndicats.

Pourquoi l’OTAN constitue une alliance militaire et politique, unilatérale et anachronique, inadaptée aux enjeux du 21e siècle, dont il faut viser la dissolution ?

Belle émotion à la Fête de l’Humanité

Il y a 4 ans, le 16 septembre 2019

Par Pierre Laurent

Très fier d’avoir reçu le titre de Citoyen d’honneur de l’Etat de Palestine.
Le combat continue pour une paix juste et durable !

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Très fier d’avoir reçu le titre de Citoyen d’honneur de l’Etat de Palestine.
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